Lundi 23 Juillet 2001

J'ai la chance d'avoir un métier qui me laisse du temps libre en été, me voici de retour sur le GR10. J'ai rendez vous avec Daniel, un copain de longue date qui est un amoureux de la montagne et qui prépare son diplôme d'accompagnateur en montagne. Nous nous retrouvons à la gare de la Cabanasse qui est l'endroit le plus proche du point où nous nous sommes arrêtés, Christian Mathieu et moi, un mois auparavant. Je laisse ma vieille 309 sur le parking de la gare, et nous voici en route. Le temps est magnifique, une belle journée d'été. Après avoir traversé la vaste plaine au pied de Mont-Louis nous arrivons au village de Planès. Nous attaquons la montée vers le Pla de Cédelles à 1911 m , soit un dénivelé de 400 m ce qui est excellent pour une remise en train. Daniel a un gros avantage sur moi c'est qu'il est tout le temps en train de marcher et il est super entraîné, mais il a la gentillesse de m'attendre et de marcher à mon rythme. Même un petit mois sans marcher ça s'y connaît et les premières heures sont difficiles, le souffle et le palpitant ont tendance à s'emballer surtout sous des chaleurs comme aujourd'hui. Tout se passe très bien tout de même et nous arrivons en fin d'après midi au refuge de l'Orri. La bâtisse est partagée en deux. Une partie est occupée par un berger et l'autre est destinée aux randonneurs. Il y a déjà un couple qui l'occupe et nous décidons de monter nos tentes à proximité comme cela chacun sera chez soi. Coll de Mitja dans la brumeNous allons faire un petit tour au ruisseau qui passe en dessous afin de nous rafraîchir et nous débarbouiller un peu. Pendant notre repas, nous avons droit à la visite de toute sorte de volailles: poules, dindons, pintades, oies. Une poule voulait même visiter ma tente qui était restée ouverte, je l'en dissuade rapidement et fermement. Toute la basse-cour du berger qui doit être encore dans la montagne à soigner ses bestiaux car nous ne l'avons pas encore vu. Devant sa partie habitée une parcelle est clôturée heureusement car les salades et autres plantes potagères qu'il a semé ne feraient pas long feu avec toute cette ménagerie. Sous l'appentis attenant à la bâtisse se trouvent deux chiens attachés qui n'ont pas l'air des plus doux vu leurs aboiements lorsque l'on passe à proximité. Malgré tout dans cette ambiance un peu spéciale nous passerons une excellente nuit et le matin venu, nous serons en pleine forme pour attaquer la suite.

Mardi 24 Juillet 2001

La journée s'annonce belle à en juger le beau ciel bleu sans nuage. Aujourd'hui presque d'entrée nous allons attaquer le "Coll Mitja" à 2367 m . Nous y allons. Effectivement au pied de celui-ci nous apercevons presque le sommet ce qui veut dire que la pente va être raide. Sur le topo-guide il est donné pour 2h45 de marche depuis le refuge, Daniel avec son rythme d'enfer sera une véritable locomotive pour moi par ses encouragements et conseils. Il fait chaud et lourd, mon tee-shirt est trempé, c'est bien, ce sont les kilos superflus qui sont en train de fondre. Arrivé au sommet un arrêt ravitaillement s'impose, il faut quand même ménager sa monture, d'autant plus que nous n'avons aucun record à battre, mais juste après un gros effort, le plaisir de contempler un paysage qui change après chaque contour du relief. Il y a là un berger avec son cheval, en fait c'est un vacher. Nous passons un petit moment à discuter avec lui, il est très ouvert et prend plaisir à nous parler de son métier. Nous repartons car il y a une bonne descente à effectuer pour arriver au refuge du Ras de la Carança à 1831 m, et puis le ciel commence à s'assombrir,des alto-cumulus se forment à l'horizon, ce qui annonce vraisemblablement quelques orages pour la soirée. La descente se déroule sans problème, nous parvenons au refuge. des nuages commencent à s'accrocher aux crêtes. Nous sommes à peine à la mi-journée, nous prenons notre repas sur la terrasse du refuge, de temps en temps on peut entendre un grondement lointain signe que l'orage se rapproche. Nous avions décidé ce matin d'arriver au gîte de Mantet , mais il reste 4 heures de marche et vu la tournure du temps...Il y a une aire de bivouac, nous décidons de nous y installer. Mais avant nous allons prendre un petit café au refuge, enfin nous tentons car l'entrée est obstruée par un charmant équidé aux grandes oreilles que l'on appelle couramment un âne. Le patron voyant notre incapacité à nous faire obéir par ce charmant animal malgré nos tentatives verbales ou physiques, lance une injonction à l'insolent qui recule pour dégager le pas de porte non sans oublier de me marcher sur un pied qui heureusement était encore dans sa solide chaussure de montagne. Vers 15 heures l'orage se déclenche, un bonne averse avec des grosses gouttes mais assez brève qui toutefois nous rafraîchi un peu. Nous ne regrettons pas cette décisions car sur la vallée adjacente il n'est pas certain que cela ait été aussi peu violent, nous en auront confirmation le lendemain

Mercredi 25 Juillet 2001

Au réveil, j'ai le plaisir d'être ébloui par une tempête de ciel bleu lorsque je sors ma tête par l'ouverture de ma tente. Daniel est déjà réveillé et est en train de déjeuner tranquillement. Après avoir fait un petit tour à l'extérieur pour me réveiller complètement, je l'imite. Aujourd'hui nous allons prendre d'assaut le "coll del Pal" qui culmine à 2290 m cela nous fait un petit dénivelé de 460 m, c'est un des derniers 2000 que l'on va franchir. Après avoir fait le plein des gourdes et des réserves nous voici en chemin. Encore une journée chaude et ensoleillée, heureusement la montée est assez ombragée. Le dernier quart avant le col est constitué de prairie donc bien ensoleillé, de grosses gouttes de sueur coulent de mon front , ce n'est pas pratique lorsque l'on porte des lunettes car certaines de ces gouttes tombent sur la partie intérieure des verres et me brouillent la vue, il me faudra me procurer un bandeau comme les tennismen pour pomper un peu. Enfin nous arrivons en haut, une petite halte s'impose, je prendrais bien des photos mais le temps est brumeux et on distingue à peine les montagnes aux alentours, normalement on devrait apercevoir le Canigou mais ça sera pour un peu plus tard. La descente vers Mantet est assez longue et peu ombragée avec 750 m de dénivelé. Après la halte déjeuner sur le coup de midi, nous arrivons au village vers 15h30, mais c'est qu'il est raide ! il est entièrement construit sur une pente. Au milieu nous passons devant le gîte d'étape, il y a du monde devant, je me renseigne pour savoir où se trouve le bistrot le plus proche car j'ai une grosse soif et une grosse envie d'un panaché bien frais. il est à la sortie du village. Encore quelques centaines de mètres à grimper et nous y voilà. Les deux grands verres de panaché me font un bien immense, ça change un peu de l'eau tiède de la gourde, tiens justement je demande à la charmante serveuse s'il est possible de nous les remplir avec de l'eau fraîche, elle m'indique un robinet où il suffit de laisser couler l'eau quelques secondes et elle devient aussi fraîche que si elle avait séjournée dans le frigo. Se sont des petits détails qui améliorent le quotidien des pauvres randonneurs que nous sommes, il ne faut pas grand chose. Bon mais ce n'est pas tout, il y a le col de Mantet qui s'élève juste devant nous, nous apercevons même le pylône hertzien qui se trouve au sommet. Je peux vous dire qu'il a l'air d'être raide et il n'y a pas la moindre trace d'ombre. D'après le topo-guide, Mantet est le seul village pyrénéen que l'on ne peu atteindre qu'en franchissant un col. La route n'est parvenue au col qu'en 1962 et au village en 1964 et l'électricité en 1984. Allez on y va ! si nous voulons dormir tranquille ce soir après une bonne douche au gîte de Py, il faut se remuer, il reste 2h15 de marche. "J'autorise" Daniel à marcher à son rythme, pour ma part j'adopte une allure modérée. Dopé certainement par les 2 panachés, je me sens bien en jambe malgré la chaleur et l'astre solaire qui n'arrête pas de déverser Le Canigouses rayons brûlants sur moi. Je ne me suis même pas arrêté une seule fois pour souffler ou boire, c'est signe que le rythme de croisière est bien en place et dans ces cas là je peux même soulever des montagnes, enfin j'exagère un peu. Daniel m'attend en haut depuis une dizaine de minutes tout guilleret, normal il à 12 ans de moins que moi et autant de kilos... Allez il ne faut pas faiblir, il n'y a que 740 m à descendre pour arriver à Py? soit environ 1 heure 30 vu la forme que l'on tient. Et nous voilà reparti. Par endroit le GR emprunte la route goudronnée, au détour d'un lacet nous avons la plaisir d'apercevoir le Canigou, si tout va bien nous y serons demain soir. Nous arrivons enfin à Py, charmant petit village. Il y a une épicerie nous en profitons pour y faire quelques emplettes et direction le gîte d'étape. Il est ouvert, un écriteau nous invite à nous installer et que nous régulariserons la situation lors de la visite du propriétaire qui a lieu le soir. C'est ce que nous faisons. Il y a déjà un jeune couple de Hollandais qui parle un peu le français timidement. Nous entamons la visite des lieux, il y a une première chambre de 2 places sur le palier intermédiaire au rez-de-chaussée et l'étage, en haut une mezzanine aménagée avec plusieurs couchages. La partie inférieure étant occupée par le jeune couple, nous nous installons en haut. Nous posons nos sacs, en extirpons le nécessaire de toilette et direction la douche. Il n'y en a qu'une et c'est Daniel qui commence en premier. Pendant ce temps je fais une petite lessive. Après la douche une petite sieste réparatrice s'impose car il est encore trop tôt pour le repas du soir. On apprécie un peu de confort après quelques jours de bivouac, et récompense suprême, il y aura du vin ce soir pour le repas.

Jeudi 26 Juillet 2001

Selon notre principe, il vaut mieux partir tôt et arriver en milieu d'après midi à l'étape du soir, cela permet d'éviter les déconvenues dues aux changements climatiques soudains en montagne. C'est ce que nous faisons et vers 8 heures nous voici en action. Ce soir on devrait passer la nuit dans une cabane forestière aménagée en refuge d'une dizaine de places, mais avant il y aura le col de Ségalès à 2040 m l'avant dernier 2000 avant les Cortalets sur les pentes du Canigou, cela représente 7 h 45 de marche d'après le topo-guide,ensuite ça sera la descente irrémédiable vers la grande bleue. Nous atteignons un premier col, le col de Jou 1125 m, une vue magnifique sur la vallée, on peu apercevoir Vernet les Bains. Ensuite c'est le col de Creu, suivi du col du cheval mort 1454 m. Une impressionnante succession de cols mais on ne redescend pratiquement pas entre. Là deux options se présentent, le GR 10 redescend légèrement dans un vallon pour remonter vers le refuge des Mariailles ou alors on garde la piste forestière qui elle ne fait que monter progressivement jusqu'au même refuge et avec peu de virages. Daniel opte pour le GR et moi pour la piste. Il fait chaud, heureusement je traverse de larges zones ombragées. C'est une piste assez fréquentée et de temps en temps passe une voiture qui malgré une allure modérée, soulève un nuage de poussière qui me fait bloquer ma respiration le temps que la légère brise l'évacue plus loin. Après 3 bons kilomètres je parviens au refuge et devinez qui m'attend ? Gagné, c'est Daniel ! Nous en profitons pour nous désaltérer. Il n'est pas loin de 11 heures, la patronne est en train de faire le ménage et nous demande gentiment de ne pas rentrer avec nos grosses chaussures, nous obtempérons et restons sur la terrasse où elle aura l'amabilité de nous servir. Un panaché bien frais pour moi, merci. Nous poursuivons notre chemin. C'est à travers une forêt au début assez clairsemée puis de plus en plus dense que nous évoluons. Heureusement car il fait de plus en plus chaud et de plus en plus lourd. Au bout d'un moment nous entendons des grondements lointains mais de plus en plus rapprochés, c'est bien un orage qui nous arrive au dessus. Effectivement vers Vernet c'est tout bleu mais à l'opposé ce sont de gros nuages noirs qui se dirigent lentement mais sûrement vers nous. Nous ne sommes pas encore arrivés au col de Ségalès donc au moins 2 heures 30 de route encore. Pas de refuge ou de cabane signalés sur la carte, on continue on verra bien, ça passera peut-être à côté. Nous accélérons le pas, nous évoluons toujours dans la forêt à quelques dizaines de minutes du col, lorsqu'un bruit soudain nous arrête, et oui se sont les premières gouttes qui commencent à tomber sur le feuillage, d'énormes gouttes. Nous nous arrêtons pour enfiler nos ponchos et continuons à marcher. Au bout d'un moment c'est un véritable déluge d'eau et de feu qui s'abattent sur nous et choisissons de nous arrêter sous un gros tronc d'arbre très incliné qui nous servira d'abri. Certes il n'est pas recommandé de s'abriter sous un arbre en cas d'orage, mais ici il y en a partout alors pourquoi la foudre tomberait sur celui là et pas un autre? Nous y resterons une bonne demi-heure environ. Nous parvenons à franchir le col sans problème mais ensuite en redescendant, le sentier est devenu très glissant et nous oblige à la plus grande prudence. Avant d'arriver à la piste forestière qui nous amènera au refuge terminal de la journée, il faut traverser le ravin du Roc des Izards et un véritable chaos de rochers où il est très difficile de distinguer son chemin et qui sont rendus très glissants d'autant plus qu'il pleut toujours, modérément mais il pleut. Au sortir de ce passage assez délicat, nous croisons un groupe d'une huitaine de personnes qui nous font part de leur désir d'arriver jusqu'au refuge des Mariailles, nous les encourageons à être très prudents d'autant plus qu'il y a de très jeunes randonneurs parmi eux et surtout ce qui nous désole, Daniel et moi, c'est de voir qu'ils sont chaussés de baskets. Nous n'aurons pas d'autres nouvelles de ce groupe, j'espère que le dicton "Pas de nouvelles, bonnes nouvelles" se sera appliqué. Pour atteindre la piste forestière qui doit nous amener à notre hôtel du jour, le sentier descend en forte pente et avec de nombreux lacets, par endroit il y a eu des mini-glissements de terrain nous obligeant à passer en amont. C'est vraiment un secteur où il faut être très prudent et attentif. Bon il ne faut pas se décourager à faire cette portion du GR, si on est bien équipé, raisonnable et prudent, ça passe très bien, et puis c'était en 2001 après un très gros orage, il n'en sera pas toujours de même pour les futurs randonneurs qui passeront par là. Nous arrivons enfin au refuge forestier de Bonne Aigue, en catalan cela signifie bonne eau, toujours sous la pluie, merci on en a reçu suffisamment sur le dos. Nous entrons, un jeune couple est déjà installé à l'intérieur et devinez leur nationalité, bravo gagné, néerlandais, mais ce ne sont pas les mêmes que la veille. Madame parle très bien le français contrairement à monsieur qui ne parle que l'anglais mais avec les quelques notions qui sont les miennes, nous parvenons à discuter sans que madame n'est besoin de traduire à monsieur. C'est bon vous avez suivi....? Pas grave c'est la fatigue. Ce n'est pas tout, les gourdes sont vides et il faut aussi de l'eau pour faire cuire mes nouilles et le ...heu... zut je ne me rappelle plus du nom du ...heu... oh je ne sais plus, un truc bizarre que se fait cuire tous les soirs Daniel pendant plus d'une demi heure, j'ai eu beau le lui dire qu'il lui fallait prendre carrément une bouteille de gaz de 10 kg dans son sac, mais il persiste. Daniel si tu me lis je te le redis, fais le cuire avant de partir ! Enfin c'est moi qui me dévoue pour aller faire le plein. Normalement il y a une source tout prés de la cabane mais d'après le toIls vont s'assoir sur un gros rocher....po-guide elle peut être à sec l'été, effectivement elle l'est. Bon je vais continuer un peu sur la piste forestière, je trouverai bien un ruisseau par là. La pluie s'est calmée depuis un petit moment mais elle a l'air de se remettre à tomber, et l'orage aussi. A un moment alors que j'étais à quelques centaines de mètres du refuge, un éclair éblouissant suivi d'un coup de tonnerre sec me font bondir, cela n'a pas du tomber très loin. Je repère un filet d'eau claire qui s'écoule du talus qui est assez abrupt à cet endroit, je remplis mes gourdes et file d'un pas pressé vers la cabane. Finalement c'était le bouquet final car une heure après le ciel commence à se dégager pour laisser apparaître des coins de ciel bleu. Sur le coup de 21 heures un magnifique coucher de soleil embrase le ciel, nos amis néerlandais sont époustouflés devant un tel spectacle totalement impossible dans leur plat pays. Ils vont s'asseoir sur un gros rocher et admirer le spectacle jusqu'à la disparition de l'astre solaire derrière l'horizon. La nuit sera calme et réparatrice.

Vendredi 27 Juillet 2001

Comme tous les matins, le ciel est d'un bleu limpide ce qui annonce encore une belle journée mais finira-t-elle par un orage ? nous verrons bien ce soir. Le jeune couple est déjà parti depuis un bon moment. Nous quittons à notre tour le refuge en empruntant la piste forestière pratiquement jusqu'à l'endroit où hier soir j'ai rempli les gourdes. Le GR10 part en grimpant vers la droite à travers la forêt. Nous ne sommes plus qu'à 2 heures du chalet refuge des CortaletsOrri de la Casteille à 2150 m. Mais avant, nous passons près d'un Orri dans un magnifique état de conservation. Nous arrivons vers 10h30, il y a un café restaurant, nous allons y prendre un petit café, et surtout je demande au patron s'il peut me vendre un peu de pain car je n'en ai plus du tout. Une demi flûte fera l'affaire. Nous discutons un bon moment avec un berger très sympathique mais qui ne se gène pas de critiquer un peu tous ces touristes qui arrivent dans un ballet incessant de taxis 4x4 et qui parfois oublient leurs déchets avant de redescendre. Vous, au moins, vous êtes des puristes, j'apprécie les gars comme vous, nous lança-t-il. Le compliment nous toucha et du coup nous prîmes en compte son café au moment de l'addition. J'ai eu le plaisir de revoir ce berger quelques semaines après à la télévision lors d'un reportage sur le Canigou où j'appris qu'il était un des derniers dans ce massif. La pause terminée, nous reprenons notre chemin. En fait, nous suivons la piste par laquelle arrivent les fameux taxis, pendant une heure environ, puis le GR devient un sentier. A cet endroit là, il se sépare du GR36 qui avait un parcours commun depuis le col de Jou. Nous descendons pendant une demi-heure environ, puis comme il est midi, nous nous arrêtons près d'un ruisseau à un endroit ombragé pour prendre notre repas. Le ciel n'est pas aussi bleu que ce matin, il devient un peu laiteux. Ensuite nous traversons une zone boisée pendant un bon moment, et passons à proximité d'une magnifique cabane en bois bien aménagée qui appartient à l'ONF. Nous attaquons un petit col à 1731 m et y faisons une petite halte. De l'autre côté, à flanc de montagne, on peut distinguer une énorme bâtisse posée là en pleine nature, je consulte ma carte, il s'agit des reste d'anciennes mines de fer. En chemin nous avons le plaisir de "tomber" sur des champignons, pas n'importe lesquels, des jeunes cèpes, là à proximité du sentier, il suffisait de laisser trainer son regard sur le bas côté pour les voir. Nous faisons une cueillette et les mettons dans une boite étanche en plastique afin de les conserver au mieux. Un peu plus bas sur le GR10 nous arrivons sur une route goudronnée au bord de laquelle se trouvent d'autres batiments vestiges miniers. Une partie est aménagée en boutique restaurant et une autre en gîte. Vu les prix prohibitifs qui y sont pratiqués, il faut dire que c'est accessible par la route donc il y a du passage, nous poursuivons notre chemin, d'autant plus qu'il n'est pas tard. Un refuge est indiqué à environ une heure de marche. Nous y parvenons, en fait il s'agit toujours d'un vestige des anciennes mines, un grand hangar avec 2 cotés fermés sans aucun autre aménagement, le sol est en ciment. Pas d'eau à proximité. Nous continuons à descendre. Le ciel commence à se couvrir sérieusement et même quelques grondements de tonnerre se font entendre au loin. Nous allongeons notre foulée, quelques gouttes de pluie apparaissent, heureusement ça descend. J'ai repéré sur la carte que le sentier allait croiser un Le Canigou vu des cortaletsruisseau, si la configuration du terrain le permet nous y planterons nos tentes. Il fait très lourd, derrière nous ne voyons plus les montagnes, elles ont disparu dans les nuages. Les coups de tonnerre sont de plus en plus forts et rapprochés. Nous sommes descendus énormément en altitude, nous ne sommes plus qu'à 820 m. Peut-être que l'orage nous passera à coté. Vers la vallée du Tech c'est bien clair, mais alors au-dessus qu'est ce qu'ils doivent déguster ! Nous voici au fameux ruisseau, il est très bien, à un endroit il est très large et assez profond ça fera une belle piscine. Sur l'autre rive il y a une parcelle de terrain plat, l'idéal pour un bivouac. Les sacs sont vite posés, les chaussures et les habits vite ôtés, et nous voici au milieu du ruisseau en petite tenue. Je peux vous affirmer que cela fait du bien. Le tonnerre gronde toujours sur le Canigou, pour l'instant il nous a épargné. Ensuite nous installons nos tentes et préparons notre repas. Daniel fait toujours cuire son truc dont j'ai oublié le nom, c'est sa nourriture de base en montagne. L'orage tourne toujours autour du Canigou mais il commence à pleuvoir, ce qui nous oblige à terminer le repas à l'abri sous nos tentes. Nous ne sommes qu'à une petite heure d'Arles sur Tech et nous avons décidé demain matin d'y prendre notre petit déjeuner avec du café au lait et des croissants, avec juste une barre de céréales avant de partir histoire de ne pas marcher l'estomac vide.

Samedi 28 Juillet 2001

Finalement nous avons été épargnés, juste une petite averse hier soir et c'est tout. Après avoir levé le camp nous voilà parti en direction d'Arles. Le chemin est très large, il y a encore des traces de l'activité minière comme des gros câbles en acier rouillé qui jonchent le sol et à moitié enterrés et des pylônes encore debout, même les carcasses d'un camion, d'un bulldozer et autres engins. Un vrai cimetière. Nous parvenons à Arles sans encombre, nous nous dirigeons vers le centre névralgique de la ville afin d'y trouver le bistrot où nous pourrons petit déjeuner. Nous en trouvons un avec une grande terrasse couverte nous nous y installons. Un grand café crème avec des croissants sera notre menu. D'ici, étant situé à un carrefour nous pouvons repérer pas mal de commerces. En face il y a un bureau de tabac, j'irai y acheter quelques cartes postales pour envoyer à la famille et quelques amis. Plus à droite de l'autre côté du carrefour il y a un libre service où nous pourrons nous ravitailler, juste à côté il y a une boulangerie, enfin tout est à portée, c'est impeccable. Je repère même une poubelle où nous pourrons laisser nos déchets. A coté de nous il y a un autre randonneur avec un très gros sac, il nous dévisage depuis que nous sommes arrivés et se décide à venir vers nous en lançant un "hello" qui trahi de suite sa nationalité. Effectivement, il s'agit d'un anglais mais qui ne parle pratiquement pas le français, et il parle... et il parle... En le faisant ralentir un peu j'arrive à comprendre qu'il lui est arrivé un problème. Carte à l'appui il nous explique qu'il se trouvait à tel endroit alors qu'il parcourt le HRP (haute randonnée pyrénéenne) la foudre est tombée sur les crampons à glace qui étaient accrochés à son sac et cela l'a tellement secoué qu'il s'est mis à courir comme un fou droit devant lui et au bout d'un moment il s'est arrêté et s'est retrouvé à plus de trois kilomètres sur un autre sentier qui n'avait rien à voir avec celui où il devait passer. Visiblement il était encore choqué, il attendait que la pharmacie toute proche ouvre. Le fait de nous parler devait lui servir de thérapie pour évacuer le stress provoqué par ce gros choc électrique. Après l'avoir réconforté, nous laissons nos sacs à dos à l'intérieur et partons au ravitaillement. Au retour, en allant récupérer nos sacs notre ami anglais est en train de raconter ses malheurs à d'autres clients du café. Toutes les emplettes terminées, nous reprenons notre chemin. Au programme, le Col de Paracolls à 902 m, il faut dire que nous partons de 280 m, donc cela fait quand même plus de 600m de dénivelé. C'est à partir de là que l'on se rend compte que l'on quitte véritablement la haute et moyenne montagne pour une montagnette plus aride et une végétation beaucoup plus méditerranéenne. Effectivement, on traverse des forêts clairsemées de chênes verts et de chênes lièges. Il fait très chaud dès le matin. La montée est très pénible, nous nous arrêtons souvent pour boire une gorgée ou deux. Une fois le col franchi, on redescend dans une zone plus ombragée, nous évoluons dans une forêt un plus dense, un peu de fraîcheur est la bienvenue. Mais hélas, cela ne va pas durer, nous arrivons devant un panneau qui nous informe que pour des raisons de sécurité, le GR10 est dévié et qu'il fallait prendre une autre direction balisée en jaune. Je regarde sur ma carte, la déviation en question nous fait faire un sacré détour et en plus nous fait descendre dans une autre vallée pour ensuite remonter pour rejoindre le GR peu avant Montalba d'Amélie. Pas d'autres explications. Cela a pour effet de me démoraliser complètement. Si Daniel ne m'avait pas retenu, je crois que j'aurais fait demi tour. Il faudra marcher 2h de plus tout de même. Malgré tout c'est assez ombragé, ce qui sera une petite consolation. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Au bout d'un moment le ciel devient de plus en plus brumeux et une chaleur écrasante ne peut m'empêcher de penser aux 2300 m et autres névés franchis ces derniers jours, hélas ils ne sont plus que souvenir. Nous traversons des hameaux fantômes, anciennes habitations abandonnées depuis des décennies, on se demande comment des gens ont pu vivre ici alors qu'il n'y a aucune voie de communication, c'était une autre époque. Nous atteignons le fond de la vallée pour attaquer une nouvelle montée vers Montalba, c'est à nouveau le GR10. Nous remontons le cours d'un ruisseau dans un vallon un peu encaissé ce qui nous apporte un peu de fraîcheur. A un endroit le ruisseau forme une sorte de petite retenue d'eau assez profonde et très limpide, une grosse tentation d'y piquer une tête, mais cela ne serait pas raisonnable car de gros nuages font leur apparition et même quelques grondements sourds se font entendre au lointain. Il vaut mieux arriver au plus vite au village. Nous y parvenons vers 13 heures. Nos gourdes sont vides, il y a une source juste en arrivant, nous faisons le plein et nous désaltérons sans retenue. On s'installe sous un énorme châtaigner, à tous les deux, en se joignant les mains on ne parviendrait pas à en faire le tour. Un couple y est déjà installé, en train de casser la croûte. Cela ne fait pas 3 mn que l'on y est, que de grosses gouttes commencent à tomber, puis une forte averse. Mais vu la taille de notre parapluie elle ne nous atteignent pas et continuons tranquillement à manger. Au bout d'un moment des éclairs et le tonnerre s'y rajoutent, alors là c'est une autre paire de manche, ce n'est pas prudent de rester sous l'arbre si vieux qu'il soit et nous acceptons l'invitation de nos nouveaux compagnons d'infortune d'aller s'abriter dans leur voiture toute proche. Nos hôtes randonnent dans le coin depuis quelques jours et d'après leurs renseignements ce serait un propriétaire qui aurait interdit le passage du GR10 sur son terrain d'où la déviation. Un autre randonneur nous fait judicieusement remarquer qu'un gîte d'étape vient d'ouvrir sur la nouvelle portion, faut-t-il y voir là une relation de cause à effet ? Finalement nous avons perdu beaucoup de temps dans cette histoire. Déjà que nous étions un peu juste car il me faut être rentré au plus tard lundi soir à la maison. Daniel estime que si l'on arrive ce soir à Las Ilias on pourra être à Banyuls dans les délais. Je prends un moment de réflexion, consulte mon topo-guide, il resterait 5h 30 de marche avec 3 cols à franchir dont un à 1210 m. Nous sommes à 543 m, pour moi c'est de la folie. Daniel estime qu'il peut le faire. Pour gagner du temps, je décide de redescendre vers Amélie les Bains qui est à 1h 30, d'y passer la nuit, ensuite demain je prendrai les moyens de transport adéquats pour récupérer la voiture à la Cabanasse et ensuite rejoindre Banyuls. Je reprendrai le GR en sens inverse à la rencontre de Daniel. Nous tombons d'accord sur cette solution et nous voilà partis chacun de notre côté. Patrick, un randonneur arrivé entre temps, fera une partie du chemin avec moi jusqu'à la bifurcation qui mène au gîte d'étape puisque je connais le chemin pour y être déjà passé. Je parviens au camping d'Amélie les Bains sans encombre mais avec tout de même l'orage qui me donnait l'impression de me suivre en me déversant quelques mini-averses juste pour m'asticoter un peu histoire que j'allonge ma foulée. En ce qui concerne le reste du récit, je laisse la plume (ou le clavier plutôt) à Daniel. Je vous retrouve pour la conclusion.

Montalba:

L'orage passé, je remets à Claude la bouteille de vin rouge et les cèpes. La décision est prise. Je me sens comme mandaté, lundi à Banyuls ! Le time-in est simple. Je dors ce soir à Las Illas et dimanche au refuge du CAF de la Tanyreda au dessus du col du Perthus.
L'orage danse la valse, tourne, tourne tel un vautour au-dessus de moi. Il nous la joue à la "Line Renaud" (elle fit sa carrière sur ses départs). Je crains de le retrouver au Roc de France. La montée va être rapide. Je cale mon rythme sur 560m/h et estime mon arrivée entre 23h et 24h. Durant l'ascension je ne peux résister à un magnifique cèpe tout jeune et bien ferme. Le ravitaillement en eau est toutes les 20 mn et une vidange toutes les heures. L'orage se fait pressant alors que j'approche du sommet, quelques coups de nez et je laisse le Roc de France pour pénétrer dans une hêtraie. Les arbres sont immenses et le sentier roulant. Le couvert végétal donne à ce lieu une ambiance particulière, comme dans une cathédrale. Le son de l'orage m'avertit que je m'en éloigne. Un large chemin de terre m'indique que je suis au "Coll del Pou de la Nev" et sur la frontière. L'endroit est habité par Eole. La luminosité baisse et je prends le temps pour traverser les éboulis. J'enchaîne la traversé du "Bosc de la Comtessa" et le "Coll des Cirères". La nuit est là. Arrivé sur le goudron, je m'accorde un court repos. La fatigue est présente et l'idée de prendre une douche au gîte de Las Illas me réconforte. Je croise quelques voitures dont les phares m'éblouissent. Passé l'église, je rencontre, successivement deux promeneurs avec leurs chiens. Las Illas ! il est 24h. Une place éclairée avec quelques bancs et un gros chien qui erre. Sur la gauche je repère une tente dans un pré. Assis sur le banc sous le lampadaire, le topo entre les mains, je localise le gîte d'étape à proximité de la Mairie. Sur le chemin de la Mairie, une pancarte indique la maison des gardiens du gîte. Tout est éteint, il est 0h15mn, je décide de me rendre au gîte sans réveiller les gardiens. Arrivé au gîte, je trouve la porte close. Un banc table en bois, un évier avec eau courante, le tout éclairé, l'endroit est idéal pour manger. Au menu, tranche de cèpe, soupe au quinoa et chocolat. Le ventre rempli, la vaisselle fini, c'est la toilette au gant à l'évier. Aucun risque de pluie, je m'installe pour la nuit sur le banc. Après deux heures de repos, attaqué par les araignées, les moustiques et les puces de bois, j'abandonne les lieux et, à la frontale plante la tente dans le pré transformé occasionnellement en camping. 4h00, je règle l'alarme de la montre pour 9h00.

Dimanche: temps beau et chaud.

Le double toit est trempé, je l'introduis dans un sac poubelle et le garde à l'extérieur du sac à dos. 10H00, alors que je charge mon sac à dos, j'aperçois une tête émerger de la tente voisine.
Le GR10 emprunte une route goudronnée pour atteindre le "Coll del Figuier". Un large chemin de terre prend la relève. Au Mas Nou, perché sur un pan de mur en ruine, une chèvre ! Tel un guetteur, elle observe mon passage. Je croise quelques VTT espagnols qui n'oublient pas de me saluer avec des "Holà". Col de Portells, un champ de fougères venté et ensoleillé, l'endroit est idéal pour faire sécher la toile de tente et mes affaires encore humides. Telle une lavandière, j'étale mon linge. L'influence méditerranéenne est présente, la végétation prend une configuration de maquis. A l'ombre d'un chêne, je bois une tasse de thé en lisant le topo guide et en observant le séchage de mes affaires. La toile de tente est sèche, à peine 15mn, les chaussettes et tee-shirt sont encore humides. Arrivent deux marcheurs, on discute, c'est un couple de jeunes retraités, nous faisons un bout de chemin ensemble. Mas Bordes (goudron + soleil) un cocktail encore méconnu. La température s'est fortement élevée, l'air chauffé ne permet plus l'effort. Devant les ruines de Panissars, je profite d'un coin d'herbe ombragé pour me déchausser. Il fait chaud et le goudron cloque. 13h00, j'arrive au Perthus. J'ai l'impression de pénétrer dans une immense friteuse. L'Espagne est toute proche et cela se sent. Que de monde, on est dimanche et les touristes emplissent la ville en quête de produits détaxés. J'essaye de joindre Claude, ma carte téléphonique n'a pas suffisamment de crédit. Devant la mairie, une placette ombragée avec point d'eau et bancs, presque déserte. Je m'installe, me déchausse, prépare mon repas tout en relisant le topo. J'attends 15h00 dans cet oasis pour reprendre mon chemin. Mes pieds ne présentent aucune séquelle de l'échauffement en matinée. Je refais le niveau des gourdes et quitte ce petit coin paradisiaque de quelques instants, arrachés, à cette ruche de touristes. Le GR10 se calque avec la route, la montée sinueuse surplombe des exploitations de chênes lièges. Le ballet rythmé des voitures, oblige à maintenir l'attention et m'impose les émanations asphyxiantes des échappements. Plusieurs "abri fontaine" sont implantés sur ce parcours. Le goudron bulle et mes pieds surchauffent. Passé Mas Reste, le GR10 prend le vert. La fatigue et la surchauffe pédestre ont raison de ma progression. Halte de 1h00 pour retrouver le niveau d'énergie et préserver en l'état mon potentiel. La pause s'est prolongée, l'étape du jour remise en question. L'arrêt se fera au gîte d'étape. Une dénivelée de 400m en 2h00 ! c'est dur, rassemblant mes ressources j'arrive avec difficulté au gîte du Coll de l'Ullat.DanielLe gîte est presque vide, juste un groupe de 4 personnes. La douche fait des miracles. Un vent chaud sèche rapidement mon linge. Après mon repas, je m'informe de leur destination. On fera route ensemble, le départ sera matinal pour éviter le gros de la chaleur. On le fixe pour 4H00. Je me couche aussitôt.

Lundi: 3h30. Nuit noire.

Au cours d'un copieux petit déjeuner pris en commun, je découvre les membres du groupe. Je me réjouis de faire cette dernière étape en leur compagnie. 4h00, lampes frontales allumées on s'éloigne dans la nuit du gîte par une route forestière. Passé le Roc Del Très Termes, la vallée ressemble à un sapin de Noël. L'occupation du territoire par l'homme contraste avec l'environnement immédiat, presque désertique. Les discutions vont bon train dans le groupe. On atteint le Puig Neulos avec ses pylônes de télécommunication à 1256m. Le jour commence, les lampes frontales s'éteignent. Le refuge de la Tanyareda semble bondé, aucune activité, tous dorment encore. Des tentes sont plantées à proximité. Je ne regrette pas ma halte au gîte. La descente se poursuit en longeant une ligne de fil de fer barbelé en cours de dépose, vestige de la frontière encore présente dans les souvenirs de mes compagnons. On croise plusieurs troupeaux de vaches. Bernard est intarissable sur les coutumes locales. L'étape est longue et le rythme est lent, la navigation n'est pas le fort du groupe, aussi je leur parle des formations de la FFRP et plus particulièrement des projets de l'équipe de formateurs du Tarn. Les paysages sont splendides, la mer Méditerranée joue à cache-cache au grè du relief. La température augmente irrémédiablement avec la course du soleil bientôt proche du zénith et l'altitude qui baisse.
Au Coll Dels Cascons, Claude finit son déjeuner quant on le rejoint. La descente se poursuit entre les vignes sous le soleil. La canicule nous accompagne jusqu'à Banyuls. Arrivés à proximité de la voie ferrée, sur la route, le groupe se sépare après les adieux.


  Lundi 30 Juillet 2001

 Je suis au camping de Banyuls depuis hier après midi. Le gérant du camping d'Amélie les Bains à eu la gentillesse de m'amener à la gare de Perpignan, où j'ai pris un train jusqu'à Villefranche de Conflent point de départ du fameux petit train jaune qui me ramènera à la Cabanasse pour récupérer ma voiture. Et me voici à Banyuls. Après le petit déjeuner, je m'équipe, endosse mon sac, et direction le GR10 que j'ai repéré hier soir. Il passe à 500 m du camping. Je pars à la rencontre de Daniel, sera-t-il dans les temps ? La journée s'annonce très chaude, il n'est que 8 heures 15 et déjà il fait chaud, il est vrai que je suis pratiquement au niveau de la mer. A 1 h 40 de marche, il y a le Col des Gascons à 386 m. A un moment je dépasse Banyuls vu du col des Gasconsun marcheur accompagné de ses deux enfants tous équipés de gros sacs, "Vous faites le GR10 ?" leurs demandais-je. Ils me répondent par l'affirmative, "vous n'êtes pas encore arrivés à Hendaye, pour ma part c'est fait." Vu leur étonnement, je leur explique ma situation. Cela ne fait qu'une petite heure que je marche et ma gourde est presque vide. Comme je passe devant une source, la fontaine des chasseurs d'après le topo-guide, je refais le plein ainsi que celui de la réserve car elle est très fraîche. Je passe le col des Gascons, un petit regard en arrière pour admirer la Grande Bleue qui scintille sous le soleil écrasant. Le sentier se poursuit horizontalement sans ombre vers un 2ème col, le col de Formigou 488m. Je passe devant une ancienne cave en ruine. Il faut dire que nous sopmmes au cœur du vignoble de Banyuls qui donne le fameux vin du même nom. Auparavant une sorte de table d'orientation donnait quelques explications sur ces caves. En fait il s'agit de cuves très anciennes dans lesquelles on stockait le vin. Des canalisations en terre cuite descendaient jusqu'en bas, le problème du transport était ainsi résolu. Je franchis le col, de l'autre côte le GR redescend un peu pour en attaquer un troisième, le col de Baillaury. De là, je peux voir le GR10 jusqu'en haut du pic des Quatre Termes. La végétation est dense mais pas assez haute pour faire de l'ombre. Il n'est pas loin de midi, je trouve un peu d'ombre derrière un gros rocher, je m'y installe pour manger un peu, les jumelles à portée de main. Je ne suis là que depuis 5 mn lorsque apparaît un randonneur en haut du pic. Malheureusement mes jumelles ne sont pas suffisamment puissantes pour distinguer vraiment s'il s'agit de Daniel. D'autres personnes suivent, cela en fait 5 en tout. Je trouve qu'ils ne vont pas vite, cela m'étonnerait qu'il y ait Daniel, le connaissant bien, ou alors ils sont fatigués. Mais le premier que j'ai aperçu à l'air d'aller un peu plus vite, donc c'est peut être lui. Un suspense s'installe. Arrivée sur BanyulsAu bout d'une heure, le premier après avoir disparu dans une zone forestière, réapparaît. Je pose mes jumelles sur un rocher afin de ne pas bouger, je distingue bien le personnage, il ne s'agit pas de Daniel car son sac à dos n'est pas de cette couleur ni la casquette qu'il porte. Attendons que le reste du groupe apparaisse. En tout cas il n'en est pas arrivé d'autres au somment du pic. Bientôt je distingue le visage du marcheur en tête, ce n'est pas mon compagnon de route. Les autres sortent de la forêt, je scrute soigneusement mais je ne reconnais aucun de ces marcheurs. Il n'est pas loin de 14 heures, je vais me remettre en route afin de me rapprocher un peu du sommet. Le premier passe tout près de moi sans me voir. Je rassemble tranquillement mes affaires pour repartir lorsque j'entends une voix qui s'exprime en occitan " Adieu lo Claudi, cossi vas ?" prononcer "Adiou lou claoudi, coussi bas ?" (Traduction : Salut claude comment ça va ?), c'est l'ami Daniel méconnaissable tant il a les traits tirés, en plus il a mis du linge à sécher sur son sac ce qui explique que je ne reconnaissais pas sa couleur de loin. Il me raconte un peu son périple, je comprends pourquoi il est dans cet état. Ses autres compagnons ne sont guère reluisants. Pour les encourager je leur dis qu'il ne reste qu'une heure de marche et que bientôt nous allons passer près d'une fontaine d'eau fraîche. La descente se fait vraiment au ralenti, avec de nombreuses haltes. Finalement 2heures 30 après nous serons au camping. Une bonne douche froide nous requinquera vite. Une heure après, nous sommes en route pour le retour à la maison, fatigués mais heureux de retrouver le bercail dans les délais. Je me suis promis de refaire cette partie ainsi que le plateau de Beille en Ariège qui me manquent pour avoir fini le fabuleux sentier mythique qui traverse ces magnifiques Pyrénées si chères à mon cœur.

A bientôt.   

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