Lundi 10 Juillet 2000.

Nous voici dans le train, Christian, Mathieu et moi, direction Mérens car le train nous dépose presque sur le GR 10, je ferai le tronçon manquant une autre fois. Nous arrivons sur le coup de midi, le ciel se couvre dangereusement. Nous faisons une halte à l'épicerie du village pour un dernier ravitaillement, et direction le GR. Au bout de quelques minutes, un grand coup de tonnerre accompagné de rafales de vent, puis suivi d'une bonne averse nous oblige à nous abriter au lavoir municipal. Nous en profitons pour manger. Bof ce n'est rien qu'un petit orage qui va vite passer dit Christian . Effectivement au bout d'une demi-heure la pluie cesse. Nous rangeons nos affaires dans le sac et nous nous lançons sur le GR 10. A la sortie du village, le sentier monte moyennement puis un peu plus abrupt à l'arrivée du hameau historique de Mérens d'en Haut, au milieu duquel s'élève une magnifique église romane ayant brûlée au début du 19 ème siècle, incendiée par les espagnols pendant la campagne d'Espagne de Napoléon en 1811, mais en cours de sauvetage. A la sortie du hameau un vieil homme nous fait part de son pessimisme quant à la météo. Mais non ça va s'arranger lui répond le toujours optimiste Christian. Nous progressons lentement mais sûrement, le sentier devient de plus en plus étroit et herbeux, les guêtres sont de rigueur si l'on ne veut pas prendre un bain de pieds. Nous passons près d'une source d'eau chaude où un groupe d'ados est en train de barboter joyeusement. Le ciel est couvert et très bas, au bout d'un moment il commence à bruiner, puis de la pluie fine. Nous nous arrêtons pour mettre les ponchos, 30mn après c'est de la pluie, plus nous montons plus elle devient forte si bien que cela nous oblige à nous abriter dans une espèce de cavité formée par trois gros rochers entassés. Ce n'est pas large mais nous réussissons à y pénétrer avec nos sacs. Nous avions l'intention d'aller jusqu'au refuge des Bésines, je crois que c'est fichu, il faudra bivouaquer en chemin. Je consulte ma carte, nous ne sommes pas très loin de la Jasse de Pressassé, on devrait trouver un endroit sans problème. Dans un recoin de cette cavité il y a un tas de brindilles de bois entassées, nous en disposons quelques unes au milieu et allumons un petit feu qui nous permettra de faire sécher nos tee-shirts qui sont trempés à cause de la condensation qui se produit sous le poncho. Nous restons une bonne heure dans ce refuge improvisé avant que la pluie ne se calme. Il était temps car ne pouvant pas nous mettre debout on commençait à s'ankyloser. Nous ressortons de notre tanière comme trois ours qui se réveillent après leur hibernation. Une vingtaine de minutes après nous arrivons a la fameuse Jasse de Préssassié, effectivement c'est une zone herbeuse et horizontale, nous n'avons pas de difficulté à trouver un endroit pour bivouaquer. Une fois les tentes montées, Mathieu se met à la recherche de quelques bouts de bois pour faire un feu, mais dans ces conditions d'humidité il n'est pas facile à allumer, il faut souvent souffler dessus pour le ranimer. Une chose nous inquiète tout de même, nous sommes à 1830 m et juste au dessus de nous il y a de la neige, certes pas épaisse mais la montagne est blanche. On doit franchir un col à 2333 m, nous verrons demain matin. Il est près de 18h, il va falloir songer à se préparer un bon repas bien consistant et chaud car la température a dégringolé.

Mardi 11 Juillet 2000

Je me suis réveillé plusieurs fois, il a plu une bonne partie de la nuit, mon thermomètre indique 6 degrés. une fois dehors je constate que la limite pluie neige est descendue. Mes compagnons se lèvent à leur tour, leurs visages scrutent l'horizon avec une moue qui en dit long, "Alors qu'en pensez vous ?" leur demandais-je. J'ai repéré hier soir un petit monticule pas très loin d'où mon téléphone portable reçoit un petit signal, je tente de joindre la météo, j'y parviens, elle n'est pas optimiste, pas d'amélioration. Nous décidons d'un commun accord de capituler, il ne serait pas raisonnable d'insister. Après le petit déjeuner nous plions le camp et direction Mérens où nous reprenons le train direction la maison. Décidément cette année 2000 n'aura pas été la bonne. On ne se croirait pas au mois de juillet. A l'an prochain.

Mercredi 20 Juin 2001

Que les dernières semaines sont longues lorsqu'on attend avec impatience le jour "J " pour se retrouver enfin sur le GR 10, mais ça y est, je suis dans le train qui doit m'amener à Tarascon sur Ariège. J'y arrive à 11 heures 30, ce n'est pas tout mais le GR se trouve à 15 km d'ici. Comme il me tarde d'y arriver je n'ai pas le temps de faire de l'auto-stop et j'appelle un taxi. Apparemment je n'ai pas été le seul à l'appeler car lorsque celui-ci arrive nous sommes deux à nous présenter. Un autre randonneur, à en juger à son sac à dos, désire aller à Vicdessos, donc nous allons dans la même direction, parfait nous partagerons les frais. Après avoir déposé son premier passager le chauffeur me dépose à la sortie d'Auzat à 10mn du GR. Une fois arrivé sur le sentier mythique, je m'arrête pour casser la croûte car il est midi passé. Malgré la résolution que je m'étais faite l'an dernier de ne plus continuer seul, c'est ce que je fais pourtant cette année. C'était plus fort que moi, j'avais des fourmis dans les jambes et puis Christian et Mathieu n'étaient pas disponibles, ils me rejoindront lundi prochain à Mérens. Le temps est au beau fixe, le soleil est de la partie. Après un repas plutôt léger car ce n'est pas la peine d'en rajouter aux graisses accumulées cet hiver, comme tous les ans il me faudra 2 ou 3 jours pour me mettre dans le bain, j'attaque la montée. Je dois passer à 1600 m et redescendre à 985 au village d'Artiès. J'y parviens vers les 18 heures. Pour une mise en train cela sera suffisant, heureusement le parcours à été très ombragé donc je n'ai pas trop souffert de la chaleur. Je demande à un habitant du village un endroit où je pourrais planter ma tente pour passer la nuit, il m'en indique un juste à l'entrée du hameau, une petite plate-forme juste à la lisière d'une forêt. Un endroit idéal pour passer la première nuit sur le GR 10.

Jeudi 21 Juin 2001

Il est 8h30, après le petit Vallée d'Izourtdéjeuner, j'ai plié le camp et je suis prêt à partir. J'ai passé une excellente nuit. Avant de démarrer je consulte mon topo-guide et ma carte afin de planifier la journée. Le GR 10 se devise en plusieurs variantes, la première est un raccourci qui fait gagner 2 heures mais qui est raide. Puis plus loin une autre qui évite Goulier, un village fantôme constitué de résidences secondaire sans point de ravitaillement, qui le contourne en restant à la même altitude d'où le nom de chemin horizontal qui est mentionné sur ma carte. Ensuite il y aura le col de Grail à 1485, puis le col de Lercoul à 1549 m et le village de Lercoul à 1120 m. Pour ce soir j'ai le choix entre bivouaquer ou m'arrêter dans une cabane, on verra ça au moment voulu. Le GR emprunte la route goudronnée pendant 2 bons kilomètres, jusqu'au raccourci que je prends. Effectivement c'est raide et peu ombragé, on monte de 450 m en peu de distance et je retrouve le GR 10 qui tire plein nord alors qu'au départ c'était plein sud. En fait j'ai court-circuité une grande boucle menant à l'étang d'Izourt. Le sentier arrive à la verticale d'Artiès le village où j'ai bivouaqué, il est assez escarpé à cet endroit, prenant même des allures de mini chemin de la Mâture. Le paysage est magnifique, je reconnais au loin les endroits où je suis passé, la descente des étangs de Bassiès est bien visible , Auzat, Vicdessos, et la route tout au fond de la vallée. J'arrive au fameux chemin horizontal, très large et bien plat on y marche avec aisance. Je croise une équipe qui est en train de débroussailler les abords du sentier, merci les gars, c'est un peu grâce à vous que l'on peut pratiquer notre loisir favori avec sécurité. Je poursuis mon avancée tranquillement, aux heures les plus chaudes je traverse des zones boisées, lorsque je repense à la tempête que j'ai subi l'an ...prenant même des allures de mini chemin de la mâture...passé, quel bonheur ! J'arrive à une cabane aménagée, je regarde ma carte, je suis arrivé au col de Grail, ma montre indique 17h36, déjà ? J'ai avancé sans m'en rendre compte. L'endroit est magnifique, le col en fait est une vaste clairière, la cabane aménagée est à la lisère du bois. Je décide d'y passer la nuit. A une centaine de mètres de là il y a une source qui se déverse dans un abreuvoir, toutes les conditions de confort minimum sont réunies. Je profite du restant de la journée ensoleillée pour faire un brin de toilette et de lessive. Je m'installe dans la cabane où se trouve une table avec des billots de bois en guise de tabouret. Le lit est en bois très grossier et recouvert d'un matelas en mousse. Une cheminée permet de faire un petit feu lorsqu'il fait frisquet ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

Vendredi 22 Juin 2001

J'ai passé une très bonne nuit malgré la litière qui était un peu dure. Il est 7 heures, dehors le temps a l'air de vouloir se mettre au beau fixe. Après la désormais routine quotidienne, petit déjeuner, rangement des affaires, je me fais un petit "briefing" avant de partir. Le prochain col est à quelques minutes et à peine plus haut que celui-ci. Ensuite c'est la descente vers Lercoul, village inhabité l'hiver d'après le topo-guide. Ensuite un autre village , Siguer tout au milieu de la vallée à 740m, puis sur l'autre versant on remonte vers Gestiès à 960m où j'espère arriver vers midi si tout va bien. Le GR emprunte pas mal de route goudronnée, heureusement que nombres de lacets sont "court-circuités, provoquant une alternance goudron terre qui rend le trajet relativement agréable. Je traverse Lercoul sans apercevoir âme qui vive, c'est pourtant un charmant village constitué de maisonnettes bien aménagées , avec des pelouses bien entretenues et fleuries. Je poursuis la descente jusqu'à Siguer où il y a un peu plus d'animation. C'est un village encore actif à en juger au vrombissement des deux ou trois tracteurs en train de faucher ou de faner le foin dans les prairies. Il faut dire que je suis dans la plaine située au milieu de la vallée. J'attaque le versant opposé en direction de Gestiès où je devrais parvenir dans 45mn. J'y arrive comme prévu vers midi, au milieu du village, sur la petite place de la mairie j'ai la surprise de voir un camion épicerie, j'en profite pour faire un petit complément de ravitaillement car les endroits sont si rares dans la région, d'autant plus que j'ai oublié au départ de mettre une lampe de poche dans mon sac à dos, le soir lorsque la nuit tombe je suis condamné à me coucher. Coup de chance il lui en reste une. Un peu plus haut il y a un lavoir alimenté par une source qui coule en permanence, je m'y arrête pour déjeuner. Une demi heure après je repars, il commence à faire très chaud, cela se ressent d'autant plus que le sentier est assez raide. Aujourd'hui il y a le col de Sasc à 1798m, mais auparavant ça grimpe jusqu'à 1902m cela fait un dénivelé de 1200m, ensuite ça redescend, normal nous sommes en Ariège. Ma carte indique plusieurs cabanes, je trouverai bien à me loger pour la nuit. Parvenu au point le plus haut je fais une petite halte à l'ombre d'un gros rocher pour me rafraîchir et me désaltérer avant d'attaquer la descente. Un peu plus bas je passe près d'un orri en ruine et au dessous j'arrive au col du Sasc. Il y a des troupeaux de vaches parsemés dans cette vaste prairie que forme ce col. Un chien de berger s'approche de moi, il n'est pas agressif , tout au contraire il me regarde en remuant sa queue, je lui parle gentiment en lui donnant quelques petites tapes sur la tête et poursuit mon chemin, il me suit. Il marche à ma hauteur sans me dépasser, si je m'arrête il s'arrête, il me prend pour le berger ce n'est pas possible. Ce petit manège dure un bon quart d'heure, il a l'air vraiment décidé à me suivre. J'essaie de lui faire comprendre qu'il doit rester ici, je lui donne même un ordre "va chercher" en désignant un groupe de 4 ou 5 vaches situées à une centaine de mètres, il m'obéit et les vaches partent en galopant vers le plus gros du troupeau. Je pensais m'en être débarrassé, mais il revient et me rattrape me regarde comme s'il attendait un nouvel ordre. Là je suis obligé d'élever la voix "vas-t-en ! allez vas là bas !" en montrant le troupeau avec mon bras. Il m'a fallu insister mais il a dû comprendre, il s'est couché en me tournant le dos comme pour dire qu'il était déçu et vexé. Ce chien m'a étonné, j'ai pensé à lui pendant un bon moment imaginant ce qu'il pouvait lui arriver, son maître l'a-t-il abandonné au milieu de toutes ces vaches, est-il dressé pour cela ? En tout cas il est en manque d'affection. J'arrive à une première cabane, apparemment c'est une cabane de berger et elle est occupée car il y a une voiture tout terrain à proximité et du linge en train de sécher. Je poursuis mon chemin, une autre cabane est indiquée sur ma carte à quelques minutes de là. J'y arrive, elle est nettement plus petite, je pousse la porte qui n'est pas fermée, ce n'est pas là non plus que je passerai la nuit car elle est remplie de matériel divers et de sacs de sel destinés aux animaux, c'est le dépôt des bergers. Pas grave une troisième cabane est mentionnée sur la carte à environ une demi-heure plus bas, me voilà reparti. Le GR descend dans une espèce de ravin au milieu d'une végétation abondante. Au détour d'un lacet, j'aperçois la fameuse cabane, elle est assez grande mais il y a un petit problème, la toiture est à moitié effondrée. Lorsque je parviens à sa hauteur, je constate les dégâts : la partie effondrée est envahie par les orties, et l'autre côté est jonché de pierres, de bouts de bois et de détritus divers, donc impossible d'y passer la nuit. Tant pis, je vais continuer car un peu plus loin il y a une jasse, je trouverais bien un coin pour planter la tente. C'est une grande plaine traversée par un ruisseau, un endroit idéal à première vue. Mais lorsque j'arrive sur les lieux je déchante vite car le sol a été entièrement labouré par des sangliers, il n'y a pas un mètre carré de sol plat, j'ai beau la parcourir de toute part, c'est pareil. Alors je continue, le sentier suit le ruisseau pendant quelques centaines de mètres puis le quitte pour attaquer la pente en direction d'une forêt. Avant de quitter le cours d'eau je trouve un endroit qui a été un peu épargné par les cochons sauvages, je commence à en avoir "plein les pattes" et je décide de m'arrêter là. J'avais bien remarqué qu'il y avait plein de moucherons, une véritable nuée, une fois arrêté je m'aperçois qu'en fait il s'agit de mini moustiques et qui malgré leur petite taille sont agressifs et n'hésitent pas à piquer. Il faut être tout le temps en mouvement, le moindre instant de répit ils en profitent pour attaquer. Donc je me dépêche vite de monter la tente pour pouvoir m'y engouffrer dedans. Je ne vous raconterai pas le calvaire que cela a été. Une fois montée, je jette le sac dedans et ensuite j'y plonge à mon tour et ferme vite la moustiquaire, malheureusement un certain nombre a eu le temps d'y pénétrer et me voici en train de faire la chasse à l'aide de ma casquette à ces insectes indésirables. Heureusement ils ont la bonne idée de se regrouper sur la moustiquaire ce qui facilite les choses. Enfin je peux m'installer et m'étendre de tout mon long pour un repos bien mérité. Il est presque 19 heures et il faut songer à se ravitailler pour reprendre des forces. Une dernière petite anecdote qui vous fera sourire certainement, après avoir mangé il me prend une envie pressante, que faire ? Eh bien je suis ressorti j'ai soulagé mon besoin en dansant et agitant ma tête comme un danseur africain ou indien, je suis re-rentré dans la tente et refais une chasse à ces maudites bestioles qui malgré le peu de temps d'ouverture, ont réussi à pénétrer.

Samedi 23 Juin 2001

Je me réveille vers 6h30, mon premier geste est d'ouvrir délicatement la tente pour vérifier si l'ennemi tient toujours le siège, surprise pas un seul volatile en vue. Je sors et fais quelques pas sans être agressé, c'est un vrai miracle ! mais il serait plus prudent de vite déjeuner faire un brin de toilette et lever le camp avant que la température s'élève et ne ravigote ces charmants insectes, souvenir inoubliable de la Jasse de Sirbal. Me voici à nouveau sur le sentier avec mon gros sac sur le dos, ça...dressé comme un lutin... monte un peu à travers bois, au détour d'un lacet je fais une agréable rencontre, un magnifique cèpe est là, majestueux, dressé comme un lutin qui ne demanderait qu'à venir avec toi, malheureusement je ne suis pas équipé pour l'accueillir et je le laisse pour le suivant. J'arrive dans une grande prairie qui laisse apercevoir le col de Sirmont à 1693 m. Je fais une petite halte pour consulter ma carte et mon topo-guide qui, une fois n'est pas coutume, ne sont pas d'accord. D'après la carte on redescend à travers une forêt en décrivant une grande boucle et d'après le topo-guide c'est direct, celui-ci étant plus récent que la carte, je décide de prendre cet itinéraire d'autant plus que c'est plus court. Au début c'est comme sur l'autre versant d'abord une grande prairie et ensuite la forêt. Je trouve quelques balises mais ensuite dans la partie boisée il y a plusieurs sentiers parallèles et je n'en vois plus, bof ! le GR repasse en dessous donc en coupant je devrais y retomber dessus. Ca devient de plus en plus en pente, et la végétation est de plus en plus dense, je continue tout de même d'autant plus que j'entends le bruit d'un cours d'eau, certainement le ruisseau que longe le GR comme je peux le voir sur la carte. Mais les courbes de niveau sont de plus en plus serrées, je descends à travers une véritable forêt vierge, si bien qu'au bout d'un moment je ne peux plus avancer, je suis bel et bien perdu. Je regarde mon téléphone portable il reçoit un bon signal donc je suis rassuré. Il n'y a qu'une chose à faire, c'est demi tour. C'est le début d'un calvaire qui durera deux heures avant de retrouver une balise rouge et blanche. Je vous passe les détails mais ce fut exténuant, parfois il me fallait ramper pour passer sous des branchages, mon sac qui s'accrochait sans arrêt, et certains passages étaient marécageux,  je m'enfonçais jusqu'au chevilles, une vrai galère. Sur le coup de midi je retrouve enfin le bon chemin, je m'arrête pour manger et reprendre des forces. Profitant d'un bon signal, je passe un petit coup de téléphone à ma femme pour donner quelques nouvelles. Malgré que je sois seul dans une forêt assez épaisse, j'avais quand même l'impression d'être revenu dans un monde civilisé. Cette aventure m'aura fait perdre une demi-journée, normalement j'avais prévuCabane de Clarans d'arriver à Mérens dimanche soir ou lundi dans la matinée car Christian et son fils Mathieu doivent me rejoindre lundi matin pour la suite du parcours. Je décide alors de passer la nuit au refuge de Clarans qui n'est plus qu'à 4 heures de marche, demain matin je prendrai la route en direction des Cabannes qui se trouve à une dizaine de kilomètres et où doivent passer Christian et son fils comme cela ils me cueilleront au passage lundi matin. Je ferai le plateau de Beille une autre fois. J'arrive à la cabane de Clarans vers 17 heures, je m'installe, pour le moment je suis seul, pas pour longtemps car un quart d'heure après un randonneur arrive. C'est un Belge flamant mais il parle un peu le français. Parti de Luchon il va jusqu'à Mérens d'où il prendra le train pour rentrer dans son pays. Un peu plus tard deux autres randonneurs arrivent mais ils s'installent à l'extérieur dans leur tente. Je vais faire un tour au ruisseau afin de me faire une toilette et nettoyer mes chaussures, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. La nuit se révèlera agitée à cause d'une invasion de moustiques qui m'obligèrent à dormir la tête dans le duvet avec juste une petite cheminée pour respirer, si j'avais su j'aurais monté la tente...

Dimanche 24 Juin 2001

10 km sur une route goudronnée, c'est ce qui m'attend aujourd'hui. A 5 km/heure cela fait 2 heures de marche. C'est ce qu'il m'aura fallu pour arriver au camping des Cabannes. C'est une journée de repos bien méritée, j'en profite pour faire une petite lessive, et un décrassage général. Je passe un coup de fil à Christian pour lui dire de venir me récupérer ici.

Vendredi 4 Juillet 2003

Un grand bond en avant dans le temps car j'ai effectué la partie manquante plateau de Beille - Mérens alors il est logique que je l'inclus ici. La veille il a plu au camping des Cabannes, la météo est optimiste, quelques nuages le matin et beau temps l'après midi. Monique, mon épouse, m'amène à mon point de départ, c'est à dire la station de ski de Beille où passe le GR10 et elle me récupèrera ce soir à Mérens. Cela fait une belle étape, 10h30 de marche d'après le topo-guide, je tiens à le faire en une seule fois pour ne pas laisser mon épouse seule cette nuit au camping. Et puis je suis équipé d'un petit sac à dos avec juste le nécessaire pour la journée, autrement dit je suis léger comme une plume à coté du gros sac que j'avais habituellement. 7 heures 30, nous sommes au départ, Monique m'accompagne pendant un quart d'heure. Le brouillard est au rendez vous et fait du yo-yo, de temps en temps j'aperçois un coin de ciel bleu et une partie du paysage. Pour l'instant j'évolue sur une piste, c'est pratiquement plat, normal je suis sur le plateau de Beille, cela pendant 2 heures environ, puis la piste se transforme en sentier grimpant vers un premier col à 1967 m, le col des Finestres, et redescend pour ensuite attaquer un autre col celui de la Didorte à 2093 m. Je croise 2 randonneurs qui sont heureux de me voir car il n'ont pas vu un seul être humain depuis leur départ hier matin de Mérens, à part le gardien du refuge du Rulhe où ils ont passé la nuit bien à l'abri car il y a eu un gros orage de grêle hier soir. Nous discutons une dizaine de minutes. Ils font le GR10 dans l'autre sens, ils sont partis l'an dernier de Banyuls et sont arrivés à Mérens, d'où ils repartent cette année. J'arrive au sommet du col, le brouillard s'est un peu dissipé, j'en profite pour faire quelques photos. Du col ça continue à grimper le long d'une crête culminant à 2278 m, puis ça redescend légèrement pour arriver 1 heure 30 après au col de Beil 2247 m. J'ai les pieds complètement trempés car j'ai oublié de prendre mes guêtres, l'herbe qui est assez haute est recouverte de gouttelettes de rosée qui s'écoulent dans mes chaussures à chaque pas. Une demi heure après j'arrive au refuge du Rulhe, il est 12 h 45,Refuge du Rulhe je m'arrête pour déjeuner et profitant d'un rayon de soleil je quitte mes chaussures et essaie de faire sécher mes chaussettes après les avoir bien essorées. Je repars vers 13 h 30, le soleil s'est caché depuis un moment et les sommets aux alentours sont dans les nuages. Je devrais parvenir en 2 heures à la crête de Lhasse à 2439 m, j'y mettrai une heure de plus car il n'y a plus de sentier au bout d'un moment, il faut traverser un énorme éboulis en pente et sauter de rocher en rocher. Heureusement le balisage est très bien fait, les balises sont assez proches les unes des autres, ce qui en cas de brouillard épais est pratique. Ce n'est pas le cas pour l'instant mais le haut des crêtes est invisible car il est dans les nuages. Je parviens au sommet à 16 h15, dommage je suis dans la brume et la vue est bouchée, encore une fois la météo s'est plantée, en fait d'éclaircie elles ont eu lieu le matin mais pas l'après midi. Et maintenant c'est le grand plongeon vers Mérens avec un dénivelé de presque 1400 m à faire en 3 h 45 d'après le topo-guide ce qui me ferait arriver vers 20 heures alors que j'avais prévu vers 18 heures 30. Il va falloir accélérer le pas, heureusement je suis meilleur descendeur que grimpeur et c'est une descente d'enfer que je vais effectuer. Le téléphone ne passe pas le signal est très faible juste suffisant pour recevoir un message me disant d'appeler mon répondeur mais je n'y parviendrai pas. Je continue à descendre plein pot, je dépasse d'autres randonneurs qui doivent me prendre pour un fou. Une demi heure avant d'arriver mon téléphone sonne, c'est Monique qui me demande où je suis. Finalement j'arriverai en haut de Mérens où m'attend mon taxi à 18 h 40, très heureux d'avoir bouclé cette étape qui me manquait. Le lendemain matin je me suis levé avec des courbatures comme jamais j'en avais eu, c'était le prix à payer...

Lundi 25 Juin 2001

Christian était bien au rendez-vous, nous arrivons à Mérens en début d'après midi. Après avoir garé la voiture à Mérens le haut et prévenu les habitants tout proche que celle-ci restera quelques jours et qu'ils ne s'inquiètent pas, nous partons sur le GR 10. Nous connaissons bien ce parcours pour l'avoir effectué l'an passé sous la pluie et même la neige un peu plus haut qui nous obligeât à faire demi tour. Cette année le temps est beaucoup plus clément, le soleil est de la partie, il fait même très chaud. Nous arrivons à la Jasse de pressassé à 1832 m. Nous établissons le camp pour la nuit, demain nous attaquerons la Porteille des Bésines à 2333m.

Mardi 26 Juin 2001

A 7 heures je sonne le clairon, le soleil éclaire déjà les cimes. Les sacs sont vites bouclés et nous voici en route. Nous sommes vite dans le bain car d'entrée le sentier est raide, cela n'a pas l'air d'affecter Mathieu qui saute comme un "cabrit", pour Christian c'est un peu plus difficile car il débute la saison, pour ma part j'ai l'avantage d'avoir déjà quelques jours de marche dans les pattes. Dans deux jours plus rien n'en paraîtra. Heureusement nous évoluons à l'ombre, car le soleil est de plus en plus haut dans le ciel. Après quelques pauses afin de souffler un peu nous parvenons au col, un arrêt casse-croûte s'impose pour recharger la machine. Un magnifique poteau surmonté de panneaux nous indique que le Porteille des Bésinesrefuge des Bésines n'est plus qu'à 45 mn, on devrait l'atteindre pour midi. La descente se déroule sans problème. Le refuge est tout récent, il n'a que 5 ans à peine. Nous posons nos sacs au pied de l'escalier qui permet d'accéder à la terrasse où se trouve l'entrée du refuge. Mais nous redescendons en catastrophe car un âne commence à brouter le quignon de pain qui dépasse du sac de Christian, parait-il qu'il est coutumier de la chose, c'est sa façon d'accueillir les randonneurs en venant renifler leur sac. Nous nous installons dans un coin de la terrasse pour prendre notre repas de la mi-journée. Vers 14 heures nous reprenons notre chemin. Au départ ça descend pour atteindre le fond du vallon qui remonte jusqu'au "Coll de Coma d'Anyell" à 2470 m. La montée a été assez pénible sous un soleil de plomb, avec un arrêt rafraîchissement dès qu'un mètre carré d'ombre se présente. Au sommet un magnifique panorama s'offre à nous avec une vue sur l'étang de Lanos. Je prends quelques photos. A quelques dizaines de mètres de nous il y a une marmotte qui nous observe du haut d'un rocher, je regrette de ne pas avoir un zoom. J'essaie de me rapprocher d'elle mais elle prend un malin plaisir à reculer au fur et à mesure de sorte quelle reste toujours à distance respectable. D'après le topo-guide il y a une cabane de berger près de l'étang, je crois que si elle est libre nous y passerons la nuit. Nous entamons la descente en franchissant un énorme névé. Nous croisons d'autres randonneurs, nous prenons quelques minutes pour échanger quelques impressions et quelques informations. Nous atteignons le vaste étang de Lanos et nous mettons à la recherche de la fameuse cabane. Nous y passerons un bon moment car les abords du lac sont assez vallonnés et nous sommes au croisement de plusieurs GR, mais nous y parvenons quand même. La cabane est inoccupée, nous y passerons donc la nuit malgré le confort rudimentaire. Une source d'eau bien fraîche se trouve à proximité, nous nous y désaltérons.

Mercredi 27 Juin 2001

Une nuit épouvantable pour Christian, dans la cabane il y avait un vieux sommier à ressort où il décida de s'installer alors que Mathieu et moi avons dormi sur notre matelas en mousse directement sur la terre battue, il a été dévoré par des puces alors que nous n'avons pas la moiEtang de Lanosndre piqûre. On aurait dit qu'il avait attrapé la rougeole! Bon ce n'est pas tout mais il reste encore pas mal de chemin pour arriver à Banyuls. Nous reprenons le sentier qui doit nous amener à la Portella de la Grava à 2470 m soit 250 m de dénivelé, c'est parfait pour se mettre en jambe de bon matin. C'est une région de prairies herbeuses sans la moindre présence d'arbre, donc il vaut mieux attaquer à la fraîche. Nous arrivons au col sans problème. Une magnifique vallée encore parsemée de névés s'étale à nos pieds, elle devrait nous conduire jusqu'au fameux lac des Bouillouses en moins de 3 heures. Nous devrions y être sans problème pour le déjeuner de midi. Nous suivons la Têt pendant 2 heures au moins, à des moments elle passe sous des névés pour réapparaître un peu plus loin. Nous évoluons avec prudence sur ces masses neigeuses car par endroit il y a d'énormes trous qui nous rappellent que dessous c'est creux, nous contournons ce genre d'endroit pour plus de sécurité. Il y a même de magnifiques ponts de neige mais nous passons à côté, directement dans le torrent. Parfois il faut s'éloigner du cours d'eau pour éviter les zones marécageuses. A un moment nous laissons la Têt sur la gauche pour nous engager dans un vallon plus étroit entre deux mamelons rocheux à la sortie duquel nous découvrons le lac tant attendu. Nous suivons sa berge escarpée et sous une magnifique forêt de pins. Nous montons puis redescendons près de l'eau, et cela pratiquement jusqu'au barrage ue nous franchissons. Une fois arrivés au milieu, j'essaie de repérer la caméra qui envoie des images sur le "web" et que je consulte assez régulièrement. Effectivement je la repère perchée tout en haut d'un mât qui s'élève jusqu'à la hauteur du barrage et dirigée vers le lac et le Pic Péric. Ensuite de l'autre coté du barrage nous nous mettons en quête d'un endroit pour casser la croûte, nous passons devant un bar Pont de neige.restaurant nous nous y arrêtons pour nous désaltérer car la température est de plus en plus élevée. Nous trouvons l'endroit rêvé pour manger, il s'agit d'une construction métallique un peu bizarre sous laquelle il y a une sorte de banquette et surtout de l'ombre. Christian doit rentrer chez lui pour Samedi mais avant il aimerait aller faire un tour en Andorre,donc nous décidons de mettre le cap sur Font-Romeu afin de prendre le train pour Mérens et récupérer la voiture, et pour ma part je reviendrai continuer mon périple car je veux atteindre le but cette année. Bien nous en a pris car en chemin nous traversons les pistes de ski de Pyrénées 2000 et le ciel se charge et même le brouillard commence à être de la partie. Plus on se rapproche de Font-Romeu et du camping où nous avons décidé de passer la nuit, et plus la température chute. Une fois arrivés, nous laissons nos sacs au camping et allons au ravitaillement en ville. Au retour il commence à pleuvoir nous accélérons le pas car il faut encore monter les tentes. De retour au camping nous nous abritons à l'accueil où l'on nous explique qu'un vent humide arrive de la vallée des Angles où se trouve une multitude de lacs et de névés d'où ce froid humide qui au contact de l'air chaud à provoqué cet orage. On nous propose gentiment de nous installer dans une salle qui sert habituellement de salle de jeux afin de nous éviter le montage de nos tentes sous la pluie et le froid. Nous acceptons bien évidemment sauf Christian qui lui préfère dormir dans sa tente plutôt que sur un plancher, nous ne le contrarions pas car nous savons qu'il est impossible de le faire changer d'avis tel une mule catalane, dont il la même origine. Nous passons tout de même une bonne soirée au sec et au chaud autour d'un repas un peu plus élaboré qu'a l'accoutumée. Le lendemain matin en sortant pour "humer" un peu le temps, j'ai la surprise de ne plus voir la guitoune de Christian, après avoir contourné le bâtiment je l'aperçois, tiens il a déménagé, justement je vois la fermeture éclair qui s'ouvre, sa tête apparaît.
- Qu'est-ce que tu fous là? je lui demande.
- j'ai changé d'endroit au milieu de la nuit car j'étais sous un lampadaire qui faisait un bruit épouvantable et je ne pouvais pas m'endormir.
Inutile de vous dire que Mathieu et moi nous ne nous sommes pas gênés pour le chambrer...

Jeudi 28 Juin 2001

Après avoir rangé tout notre barda, nous prenons la direction d'Odeillo où se trouve la gare du fameux petit train jaune qui nous ramènera à Mérens, via La Tour de Carol, où nous récupérerons la voiture. Nous y arriverons en milieu d'après midi car le tortillard a pris son temps et en plus nous avons eu droit à l'inauguration des 90 ans de la gare de Bourg Madame, avec coupure du ruban tricolore se trouvant en travers de la voie en présence de tous les élus locaux, cérémonie fort sympathique et bonne enfant et qui en plus nous a valu une bonne rigolage lorsque le maire du village tout enrubanné dans son écharpe tricolore pendant qu'il faisait son discours s'est appuyé sur le tampon avant de la locomotive entièrement enduit de graisse bien noire et fit une énorme tâche sur le pantalon de son magnifique costume beige clair, bilan une demi heure de retard, mais nous sommes arrivés à temps pour la correspondance à la gare internationale de la Tour de Carol.

              train01a_1.gif

 

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