Lundi 23 Juin 1997

 

Ca y est, c'est reparti ! Le jour "J" est arrivé enfin. Le périple 97 est à son point de départ.

Parti ce matin d'Albi au train de 10h08, je change à Toulouse après une heure et demie d'attente, ensuite le car de Lourdes à Cauterets. Je suis arrivé à 15h30, à l'endroit même où l'an passé j'avais terminé le périple. Après avoir passé un coup de fil à la maison pour dire que tout s'était bien passé, acheté du pain, je me renseigne s'il y a un moyen de transport pour aller au pont d'Espagne, réponse négative. Faites de l'auto-stop me dit le boulanger, parfois ça marche. Malheureusement avec mon gros sac sur le dos je vais faire peur aux automobilistes...C'est vrai qu'il est encore plus impressionnant que l'an dernier car c'est un nouveau sac et il est plus haut, vu de derrière on ne me voit pas la tête, attention aux branches basses ! Je l'ai changé car après 20 ans de bons et loyaux services le précédent commençait à craquer aux coutures.

 

Me voici sur la route qui mène au Pont d'Espagne, le GR est parallèle à celle-ci sur la droite mais inaccessible, il me fallait repartir en arrière pour le rejoindre, alors j'ai choisi de suivre la route sur 2,5 km, ils se croisent aux thermes de la Raillère. Avant de quitter le monde civilisé je m'arrête dans un bar pour siroter un demi-panaché et faire remplir ma gourde, car je n'ai pas vu de point d'eau sur mon  chemin. Et me voici enfin sur le GR10 que j'ai  quitté un an avant. Ici il porte le nom de sentier  des cascades, ce qui n'est pas usurpé car  effectivement je suis passé près de 4 ou 5  cascades toutes aussi belles les unes que les  autres. J'espère arriver à une cabane située à  une vingtaine de minutes après le Lac de Gaube  pour y passer la nuit, c'est mieux d'être dans du  dur et ça m'évitera de monter la tente. Je ne  pense pas avoir un orage comme l'an dernier  pour la première nuit. Le ciel est nuageux et il  fait assez frais, à Cauterets ma montre  multifonctions indiquait 15°, j'ai étalonné l'altimètre aux thermes situés à 1048 m d'après ma carte, il indiquait 20 m de moins, ça prouve que la pression atmosphérique a augmenté depuis mon départ.

 

Ce n'est pas évident de se remettre dans le rythme mais je ne veux pas forcer car il y a un peu plus d'un mois nous sommes allés, un ami et moi, faire le tour du Pic du Midi d'Ossau histoire de se mettre en forme et de tester le matériel, et j'ai eu un gros problème à un genou qui me faisait très mal lorsqu'il refroidissait après un arrêt, au retour je suis allé consulter un médecin qui a diagnostiqué un épanchement de synovie. J'ai suivi un traitement pendant ces dernières semaines mais il me faut faire attention.

 

Le trajet s'est très bien passé jusqu'au Lac de Gaube où j'ai commencé à accuser de la fatigue, je regarde ma montre, il est 19h45, je m'arrête un petit quart d'heure pour manger un peu et je repars en meilleure forme, j'ai dû avoir un petit coup de "fringale". Il me reste une vingtaine de minutes avant d'arriver à la cabane. Alors que j'y arrive presque, je commence à avoir des crampes à une cuisse. Je crois que je ne serais pas allé plus loin. Enfin m'y voici, il est 20h10. Parti de la gare à 920 m d'altitude environ, me voici arrivé à 1783 m en quelques heures c'est pas mal pour un premier jour...

 

Je fais cuire des pâtes car j'ai envie de manger chaud. Je suis un peu surpris par l'état de la cabane, le topo-guide la décrit comme cabane aménagée 6 places et sans mobilier, déjà la porte métallique a été défoncée, le cadre a été arraché et bien sûr elle ne tient plus, à l'extérieur j'ai récupéré des barres de fer qui me serviront à la bloquer. Le volet de l'ouverture qui sert de fenêtre ne tient plus fermé lui non plus car le verrou a disparu, il me faudra le coincer avec des pierres. Le ménage n'a pas été fait depuis Mathusalem au moins. L'endroit du couchage qui est une sorte de marche surélevée à l'air à peu près propre. Il est 21h50, je vais essayer de caler la porte et de dormir, la température est encore en baisse , il me tarde d'être dans mon duvet bien au chaud. 

 

Mardi 24 Juin 1997 - 8H45.

 

Je me suis levé à 7h ce matin, le thermomètre indique 6°, Brrr...C'est vrai il ne fait pas chaud, ça été dur de sortir du duvet. Une fois debout, ouille ! ouille! aie mes cuisses et l'articulation gauche de la hanche sont douloureuses, quant au genou il ne me fait pas mal mais il est un peu enflé. Je prends un anti-inflammatoire ça sera plus prudent. Je vais aller au torrent remplir ma gourde car cette nuit j'ai eu soif et elle est à sec. Je décoince la porte, la pousse sur le côté, et ô surprise ! Il y a de la gelée blanche. Je pose ma montre multifonctions sur un rocher devant la cabane et on verra dans un moment la température qu'il fait. A mon retour du torrent  je lis le thermomètre, il est descendu à -2°! ! ! Je partirai dans un moment vers 9h ou 9h30. Le ciel est bleu sans nuage, le soleil n'a pas atteint encore la cabane mais il éclaire les cimes, j'ai une vue magnifique sur le Vignemale ensoleillé, ainsi que sur le Lac de Gaube dans lequel se reflètent les montagnes des alentours. Je prends des photos pour immortaliser ce paysage. Je ne sais pas ce que cela va donner mais je ne récupère pas aussi vite que l'an dernier. C'est peut-être normal car c'est le premier jour et il y a l'embonpoint accumulé cet hiver en plus, j'espère qu'il va vite fondre comme la dernière fois (7 kg au total). A ce soir...

 

 Mardi 20h20. Ca y est, la fameuse Hourquette d'Ossoue a été franchie, le toit du GR10 à 2734 m. J'ai démarré ce matin à 9 heures. Je me suis arrêté 2 fois pour prendre des photos car plus on monte plus le paysage est magnifique. J'ai de l'inquiétude pour mon genou car aujourd'hui j'ai 1000 m de dénivelé à franchir. La première partie du trajet s'est bien déroulée, cette vallée de Gaube est splendide avec le Vignemale au bout qui est majestueux. J'arrive au refuge des Oulettes de Gaube à 2151 m, il est prés de midi, il y a un quart d'heure, avant d'arriver, j'ai pu observer une colonie de marmottes, elles étaient assez proches, à                                                                                                                   le Vignemale

 

une dizaine de mètres seulement et pas sauvages, il y en avait une qui était installée sur un rocher et qui me regardait. Je sors délicatement l'appareil à photo du sac, je la cadre, puis "clic" et c'est juste à ce moment là qu'elle décide de partir, mais je pense que j'aurais pris sa queue, ça sera toujours ça...

Je prends mon repas près du refuge, à côté de moi il y a un jeune couple avec qui je discute un peu, ils sont passionnés de montagne eux aussi et cela a été le sujet principal. Ils vont faire le petit Vignemale (3032 m) et me proposent d'aller avec eux, je leur explique que je parcours le GR10 et que je ne m'en écarte pas et puis 300 m de dénivelé en plus et avec l'harnachement que j'ai sur le dos, c'est trop pour moi. J'ai pour l'instant 2h30 de marche, mon genou commence à être un peu enflé. Je me souviens des conseils que m'a donnés le médecin, dans ce cas là dès que je passe près d'un névé il faut que je me fasse une application de neige pendant 2 ou 3 mn tout autour du genou. Du refuge où je me trouve on voit très bien le sentier qui monte vers la Hourquette d'Ossoue, et à environ un quart d'heure il y a un petit névé qui fera bien l'affaire, donc cela m'encourage à y aller. Les jeunes démarrent pour ma part j'attends un peu afin de me reposer avant d'attaquer. Je pars vers 13h30 et au passage du névé je ne manque pas de me refroidir le genou, et cela s'avère très efficace, instantanément il se désenfle et je le plie beaucoup mieux, ça va, ça me rassure et heureusement le sentier est parsemé de névés de plus en plus vastes, mais qu'est-ce qu'il est long et pénible, en plus sous un soleil de plomb. J'ai mis un grand mouchoir blanc sur ma nuque coincé sous la casquette qui d'ailleurs est très efficace car elle a une très grande visière et me protège bien le visage. Quant aux cuisses elles commencent à rougir ce n'est pas le coup de soleil mais ça ne va pas tarder, elles me tiendront au chaud ce soir dans le duvet. Je consulte souvent mon altimètre à l'affût des centaines de mètres qui défilent, d'ailleurs le sentier s'appelle le sentier des centenaires, est-ce pour cela? Les 100 derniers sont les plus durs d'autant plus qu'il faut traverser des névés très longs et pentus, je fais bien attention de ne pas sortir des traces laissées par mes prédécesseurs, car le moindre faux pas et c'est la grande glissade. Et puis c'est la récompense suprême, l'arrivée au sommet du col, des paysages magnifiques sur les 2 versants me font oublier toutes mes misères. Je fais la connaissance de 2 jeunes qui sont en randonnée pour 3 jours. Nous discutons un petit moment, ce n'est pas la première fois qu'ils passent par là, ils ont l'habitude de bivouaquer dans un endroit très calme à une dizaine de minutes après le refuge de Bayssellance et me proposent gentiment d'être des leurs. J'accepte l'invitation, c'est toujours plus agréable d'être en compagnie dans un bivouac que tout seul. En passant devant le refuge vers 17h il y avait beaucoup de monde, c'est un endroit très fréquenté car il sert de point de départ pour le massif du Vignemale. Il y a quelques zones de bivouac aménagées autour de refuge mais elles sont soit occupées soit inclinées ou caillouteuses, ce qui n'est pas très pratique pour planter la tente. Des panneaux indiquent "Défense de bivouaquer à moins de 30 m du refuge" ou alors " Bivouac autorisé de 19h a 9h". Finalement je ne regrette pas la proposition des 2 jeunes et je comprends pourquoi ils ont leur petit coin favori. L'un est de Rodez et l'autre de Lavaur. Ils viennent juste de terminer leur service militaire dans les chasseurs alpins, après avoir bien "crapahuté" dans les Alpes ils viennent se "reposer" dans les Pyrénées.

 

 Il est 21h20, je pense à Alain (F5UNU) avec qui j'avais rendez-vous "sur l'air" (bande VHF réservée aux radioamateurs dont je fais parti) mais malheureusement j'ai fait des essais et aucun relais ne passe sauf un relais espagnol sur la même fréquence que le R6 du Pic de Nore.

Du bivouac on peut admirer la brèche de Rolland ainsi que les sommets voisins comme le Talion, le Casque, le Marboré et autres. J'ai fait des photos depuis le col, j'en ferais d'autres demain matin au lever du soleil si le temps le permet évidemment. 

 

     le glacier d'Ossoue au pied du Vignemale

     

Mercredi 25 Juin 1997 - 8H20.

 

Une nuit épouvantable ! Il a fait de ces bourrasques de vent, j'ai cru que la tente s'envolerait, heureusement cela n'a pas été le cas car en raison de sa forme elle a bien résisté. Cela n'a pas été le cas pour mes voisins que j'ai entendu en pleine nuit se lever pour refixer le double toit de leur tente qui avait tendances à se faire la valise... Au début je me demandais ce qui se passait car le vent était relativement silencieux du fait que le terrain est désert et aucun obstacle ne lui fait barrage, mais lorsqu'il arrivait sur la tente celle-ci vibrait comme si une main géante la secouait. Les bourrasques étaient très espacées, je me rendormais entre deux, mais de plus en plus fréquentes et fortes. Finalement ça s'est calmé vers 4 ou 5 heures.

Je me lève vers 7h15, je prends mon petit déjeuner et ensuite je vais faire une petite balade vers les crêtes du Petit Vignemale qui se trouvent à environ deux cents mètres du bivouac, il parait que le paysage et la vue magnifique sur le glacier d'Ossoue d'après les dires de mes compagnons de bivouac.

Effectivement c'est bien le cas, et bien sur j'immortalise l'ensemble sur ma pellicule photo.

Il est 9h passées, j'ai plié la tente, bouclé mon sac, je suis prêt à partir et mes voisins ne sont pas encore sortis de leur tente, cela m'ennuie de les réveiller mais il faut bien que je leur dise au revoir et les remercie de leur gentillesse. Je m'apprête tout de même à le faire lorsque qu'elle ne fut pas ma surprise de les voir arriver à une trentaine de mètres tout harnaché de leur matériel de haute montagne, cordage, crampons à glace, etc.... Devant mon regard médusé ils me lancent:

-- Bonjour ça va?

- Ça va, oui mais d'où venez-vous comme ça ?                      Bivouac à Baysselance

 

- On vient de faire le Vignemale...

Ils sont partis à 5 heures du matin pour aller faire le grand Vignemale (3298m) par le glacier d'Ossoue avec les crampons à glace, quelle santé !

Après des "au revoir" presque tristes mais d'un autre côté la satisfaction de s'être croisé un jour, d'avoir partagé pendant quelques heures une passion commune et qui fait que les montagnards ne se quittent jamais véritablement car au détour d'un sentier ils se rencontrent à nouveau à travers d'autres anecdotes racontées par d'autres montagnards et qui immanquablement font des souvenirs toujours vivants, je reprends mon chemin.

La descente ne s'avère pas facile car il y a un dénivelé important sur une distance relativement courte. De 2600 m environ du bivouac au lac d'Ossoue à 1807m en une paire d'heures...Mon genou va très bien jusqu'au moment où après une demi-heure de marche, lors du franchissement d'une marche un peu haute et en tournant je sentis un léger craquement dans celui-ci, pas de douleur particulière mais à partir de ce moment là il se met à enfler rapidement et les refroidissements lors de passage sur des névés ne firent pas grand chose. Tant bien que mal j'arrive au lac d'Ossoue sur le coup de midi et m'arrête pour casser la croûte. Je trouve un endroit assez abrité entre deux gros rochers car le vent est de la partie. Cet arrêt à duré une demi-heure environ et au moment de me relever pour repartir, une douleur très violente dans le genou me cloue sur place. J'essaie tout de même de faire quelques pas, l'articulation s'assouplit un peu, j'arrive à marcher mais péniblement. Le chargement du sac devient un véritable effort surhumain, mais il faut bien continuer. Je consulte ma carte, je suis à environ 3 heures  du refuge des Granges de Hole situé près de  Gavarnie, il me faut impérativement y arriver et je  crois que malheureusement ça sera la fin du  périple vu les circonstances.

 Parti à 12h30 du lac d'Ossoue, j'ai mis 6h30 pour  arriver au refuge, je passerai sur les détails, mais  se fut une véritable galère.

 Le lac d'Ossoue

 

je reprends la "plume" quelques semaines plus tard :

Lorsque je suis arrivé au refuge, j'ai reçu un accueil très chaleureux, il y avait environ une vingtaine de randonneurs qui étaient déjà installés pour passer la nuit et s'apprêtaient à prendre le repas. Le désarroi se lisait sur mon visage et la vision de mon genou qui avait pris des dimensions inquiétantes, ont fait que tous le monde a été à mes petits soins. Le lendemain matin je suis parti avec d'autres personnes à Gavarnie vers 8h30 pour prendre l'autobus pour Lourdes et ensuite le train. Il restait encore une bonne demi-heure de marche pour arriver au village, en prenant mon rythme j'y ai mis 3/4 d'heure. Les personnes qui m'accompagnaient ont pris soin de moi et m'attendait de temps en temps, c'est la solidarité des montagnards qui a joué, ça m'a beaucoup réconforté.

A l'an prochain...

       

       

Mercredi 17 juin 1998

 

Parti d'Albi à 10h07, je suis arrivé à Luz-St Sauveur à 15h36. Mais la destination est Gavarnie, encore 20km à faire et malheureusement il n'y a aucun moyen de transport à part le lundi et le samedi. Alors la seule solution c'est l'auto-stop. Je trouve un petit coin ombragé sur la route de Gavarnie. Je prépare une feuille de papier sur laquelle j'écris "GAVARNIE" en gros comme cela les choses seront claires. Si à 18h30 je suis toujours là, je me

 

            Le cirque de Gavarnie

             

replierai sur le camping qui ne se trouve pas très loin. Finalement 1h30 après, une voiture s'arrête enfin. Se sont 3 jeunes qui vont faire de la randonnée également. Leur coffre est plein à craquer, alors j'essaie de m'engouffrer dans la seule place libre avec mon gros sac à dos sur les genoux, j'y parviens non sans mal, heureusement qu'il n'y a pas trop de kilomètres à faire. Ce sont des jeunes du Lot et Garonne et ils ont l'intention d'aller jusqu'à la brèche de Roland. Au fur et à mesure que l'on approche de notre destination, on aperçoit de mieux en mieux le cirque de Gavarnie et il est très enneigé, on distingue même la fameuse Brèche qui emerge de la vaste étendue blanche. Je ne veux pas les décourager mais je leur demande s'ils sont bien équipés et s'ils ont des crampons. Ce n'est pas le cas, alors je leur conseille d'aller en louer avant de se lancer dans cette aventure car connaissant le secteur, il s'agit d'un névé qui en forte pente. Nous arrivons au village, j'essaie de m'extraire du véhicule, j'ai du mal car le sac est coincé entre le dossier du siège avant et la banquette arrière. Les autres occupants sont déja sortis pour rejoindre des amis avec qui ils avaient rendez-vous. Après plusieurs tentatives j'arrive à m'extirper de la voiture, mais j'ai attrapé ma première suée...

 Je me dirige vers le refuge que j'avais quitté l'an passé dans des conditions plutôt tristes. 20 minutes de marche histoire de se mettre en jambe. Le responsable du refuge n'est pas le même mais tout aussi sympathique que le précédent. Le dortoir est bien rempli donc je décide de planter la tente, ça sera la première fois que j'y dormirai car c'est une nouvelle, elle ne pèse que 1,5kg et a la forme d'un tunnel.

 

Jeudi 18 juin 1998

 

Lever à 7h30, petit déjeuner, et départ à 8h30. Trajet sans gros intérêts, passages non ou mal balisés. Il fait très chaud, je dois passer un col à 1838m, heureusement les heures les plus chaudes coïncident avec un passage en forêt. Après 2km sur une route goudronnée j'arrive à un camping à 2,5km de Luz St Sauveur. Il n'est pas loin de 17h, je m'y installe, pour une première journée ça sera suffisant. Le camping vient juste d'ouvrir, c'est le début de saison. L'herbe a été fauchée et emballée pour passer l'été dans la grange. Ce soir il y a un match de la coupe du monde France-Arabie Saoudite, je vais l'écouter tranquillement allongé dans mon tunnel. Demain j'ai de la route à faire, dans le sens propre du terme, en effet 3km sur le goudron avant d'arriver à Luz.

 

Vendredi 19 Juin 1998

 

Je suis prêt à 8h15, au départ pour éviter la route, le GR 10 emprunte un sentier à flanc de montagne, il est très herbeux et il y a beaucoup d'orties, je ne manque pas de m'y frotter à plusieurs reprises mais ce n'est pas grave il parait que ça fait circuler le sang. Au bout d'un quart d'heure il devient plus large, et passe dans un sous-bois. Je devine la route en contrebas dans la vallée, ça fait un peu plus de dénivelé mais je préfère car c'est plus agréable de marcher dans la nature que sur le bitume. Une demi-heure plus tard le sentier descend et rejoint la route. En principe le GR évite le centre ville mais je le quitte un instant pour essayer de trouver une pharmacie afin de me procurer de la crème solaire car la journée va être très chaude et je vais passer dans des endroits peu ombragés. Après quelques emplettes, je rejoins le sentier mythique à Villenave qui est un petit village charmant tout près de Luz. Il n'est pas loin de midi et je me mets en quête de trouver un endroit ombragé pour déjeuner avant d'attaquer le gros morceau de la journée, j'en trouve un d'idéal , au lavoir municipal qui est tout près du torrent qui traverse le village et dont une dérivation sert à alimenter le bassin, j'aurai la fraîcheur en plus car il commence à faire chaud. 45mn plus tard je reprends le chemin, le soleil est pratiquement au zénith et la température augmente. Je me suis passé de la crème sur le visage, sur la nuque et sur les cuisses, mieux vaut prévenir que guérir. Heureusement la première heure est assez ombragée. Le trajet se déroule sans problème mais assez long, j'arrive à Barège à 19h30, je décide de passer la nuit dans un gîte d'étape. En fait de gîte  je me trouve devant une énorme batisse, je pénètre à l'intérieur dans un immense hall, une dame d'un certain âge m'accueille, en fait il s'agit d'une curiste qui apparemment connaît bien la maison car il y revient tous les ans. Elle m'explique que c'est une association qui a "retapé" ce bâtiment et qui le gère. Dans la salle à manger un groupe de randonneurs s'apprêtent à dîner et m'invitent à leur table, j'accepte sans hésiter. Ils sont 9, originaires de la région parisienne, ils sont partis de Lourdes et vont jusqu'à Luchon. Ils sont très organisés, un membre de l'équipe porte le plus gros du matériel en voiture à l'arrivée de l'étape qui est exclusivement un gîte ou un refuge accessible en voiture bien sûr. Après ce repas très convivial, je me dirige dans ma chambre qui est très vaste et comprend 12 places (4 fois 3 lits superposés) où je suis seul. Je vais commencer à faire couler ma douche car on m'a prévenu qu'il fallait laisser couler l'eau pendant une dizaine de minutes avant qu'elle soit chaude. Je me couche vers 21h30 après avoir consulté la carte pour étudier l'itinéraire de demain qui va traverser la réserve naturelle de Néouvielle avec ses nombreux lacs, des paysages magnifiques en prévision.

 

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