Vendredi 7 juin 1996 - 18h10 :

 

Arrivée à Hendaye à 12h46 comme prévu. J'essaie de me repérer sur ma carte car il y a 2 gares... je suis à la deuxième , assez loin de la plage et je décide d'aller directement sur le GR10. La carte n'est pas précise, il n'y a pas les noms de rues. Après une heure de zigzag, je le trouve et m'y engage. Cela fait plaisir de voir les traits rouge et blanc. Au bout d'un moment j'attaque le premier col (51 m). Au sommet, je décide de me mettre en short car il commence à faire chaud ! Premier arrêt, je bois un coup et me change.Hendaye et l'ocean dans la brume.

 Je marche jusqu'à 17h environ puis je décide de trouver un endroit pour planter la tente car les dernières maisons passées c'est la montée vers le col d'Osin qui est assez aride. Je trouve un endroit tranquille, un peu en retrait du sentier mais pas d'ombre ! Je décide de redescendre un peu et, j'en trouve un autre mais plus verdoyant et coincé entre deux haies, pas très loin des maisons. En cas de gros orages, j'ai repéré quelques endroits où me réfugier. Ce matin, la météo a annoncé des orages sur la côte Atlantique et effectivement le soleil commence à être voilé, le ciel devient blanc... On verra bien ! J'ai essayé d'écouter la radio mais pas moyen d'avoir une station française, rien que des stations espagnoles... Les boules !!! En GO le poste ne fonctionne pas.

J'entends des coups de fusil au loin comme s'il y avait un ball-trap. J'espère que ce ne sont pas des chasseurs qui tirent sur des palombes ! En passant au premier col, il y avait plein de cartouches qui jonchaient le sol, et ils se disent protecteurs de la nature ! Bon, j'arrête là pour ce soir. Je ferai un petit mot demain matin pour dire comment s'est passée la nuit.

 

Samedi 8 juin 1996 - 19h20 :

 

Eh oui ! Je n'ai pas repris le stylo ce matin. Voici pourquoi : hier soir, je me suis endormi vers 10h à la tombée de la nuit, puis je me suis réveillé à 11h50 car il pleuvait, c'est le claquement des gouttes d'eau sur la toile qui m'a réveillé. Au début, des éclairs assez espacés, puis de plus en plus rapprochés, pour finir par un bouquet final de trois ou quatre coups de tonnerres très forts. Ça a dû se terminer vers 1 heure du matin. Je me suis rendormi et le reste de la nuit a été correct.

 Réveil à 6 heures 30, j'ouvre la tente : un ciel gris, de la brume, un temps maussade. Je traîne un peu, puis je déjeune : pomme, pain, fromage, une barre de céréale et puis je décide de lever le camp tant qu'il ne pleut pas. Auparavant, il m'a fallu essuyer la toile avec le gant de toilette. Il y avait autant de gouttelettes d'eau à l'intérieur qu'à l'extérieur, dues à la condensation, et puis une mare d'eau à mes pieds, certainement une fuite au niveau de la fermeture éclair (qui était pourtant bien fermée). Le tout est plié en quelques minutes et je démarre. Au bout d'un moment, la pluie recommence ; heureusement j'avais mis le poncho dès le départ. Il a bruiné toute la matinée. Je n'avais plus d'eau en partant ; je rencontre un ruisselet et remplis ma gourde en y mettant un petit cachet désinfectant. Heureusement, hier soir, j'avais pensé mettre mes deux gamelles dehors sachant qu'il allait pleuvoir. J'ai recueilli l'équivalent d'un petit verre d'eau, je l'ai bu avant de remplir la gourde car l'eau du ruisseau je ne pourrai pas la boire avant une heure ( il faut que le cachet agisse, donc un verre d'eau depuis la veille !) Aussi, au bout de deux heures, arrivant à un bar restaurant situé en Espagne, je me suis arrêté pour boire un panaché puis un autre. Vers midi et demi, je m'arrête car j'avais les crocs, j'attendais de trouver un abri, je me suis installé sous un grand chêne penché, sous le tronc le sol était sec. En quittant le poncho je me suis aperçu qu'il était aussi étanche qu'un filtre à café, mon tee-shirt était tout mouillé et ce n'était pas que la transpiration ! J'ai enlevé mes chaussures et mes chaussettes étaient également mouillées, j'en ai remis des sèches sinon les pieds... Je repars en pensant que ce soir il me faudra trouver un endroit bien sec car dans le sac tout est humide. En arrivant à Olhette, mon terminus du jour, je tombe sur un gîte d'étape . Cuisine, chambre, salle de bain, cheminée pour un forfait de 50f, je n'ai pas hésité. Si demain il fait soleil je ne partirai qu'après avoir fait sécher la tente, le bout du duvet, les chaussettes car les deux paires sont mouillées. Ce soir on va faire un feu de cheminée d'après ce que viennent de me dire les deux autres occupants du gîte. Ce sont des motards, ils font de la randonnée à moto. Je me fais du souci pour mes pieds car ils ont macéré dans le "jus de chaussette", ce qui rend la peau tendre et plus fragile et j'ai des ampoules naissantes. Enfin "verèm ben" ! Ce soir je serai bien au sec. Demain matin je pourrai me raser comme cela on ne me prendra pas pour un vieil ours mal léché.

 

Dimanche 9 juin 1996 - 20h15 :

 

Nuit impeccable au gîte, j'ai bien récupéré. Je me suis levé à 7h20, j'ai pris une bonne douche, mon petit déjeuner pendant que les deux autres occupants dormaient. La soirée a été agréable en leur compagnie. Ils ne viennent que les week-ends, ils sont de Bordeaux. A 9h10 je les réveille en douceur pour leur annoncer mon départ et leur dire au revoir. Et me voilà parti. Le dénivelé est assez important, près de 500 mètres, et ça monte dur. Normalement il faut 1h30 pour arriver à ce col; à 11h30, toujours pas au sommet et pourtant je le vois ! Il n'est pas loin, à une demi-heure à peu près. Décidément je ne suis pas en jambe aujourd'hui ! Je fais une halte, j'en profite pour regarder ma carte et oh stupeur, je n'ai pas pris le bon chemin ! Tant pis je continue, il doit bien y avoir un sentier qui redescend dans la direction où je vais. En fait, je suis allé au sommet de la Rhune (900m), et moi qui ne me croyais pas en jambe !La Rhune Il y a bien un funiculaire qui fait la navette mais il ne va pas où je vais , à un moment, il croise le GR10 mais il me faudrait sauter en marche. Je casse la croûte et ensuite je redescends en suivant les rails ; j'arrive au GR, je le prends et me voici reparti direction Sare. Arrivé au village, je commence à sentir la fatigue, mes pieds vont bien quand même; les ampoules n'ont pas évolué. Mais il fait tellement chaud ! Aussi j'ai bien mis ma casquette avec le mouchoir blanc derrière qui protège la nuque. D'après mon plan, il y a un camping à un kilomètre environ à la sortie du village. Je décide d'y faire halte pour ce soir car je veux préserver mes pieds ; tant pis si je n'avais pas prévu d'escale à cet endroit (normalement, il me reste trois heures de marche pour arriver au lieu prévu initialement). Avant de repartir de ce village, je m'enfile deux panachés coup sur coup au bistrot du coin et me fais remplir la gourde d'eau. Ceci dit en Espagne 2 panachés plus la carte postale plus le timbre reviennent à 18f50. Ici, rien que pour les deux panachés : 24f. Glupps! Une vingtaine de minutes après j'arrive au camping, et m.... il est fermé ! Zut, zut et zut ! Bon, je pars à la recherche d'un endroit où planter ma tente. Voyons un peu plus loin et de fil en aiguille j'ai marché jusqu'à 19h. En fait, je ne suis plus qu'à une bonne demi-heure d'Aïnoha où j'avais prévu d'aller. L'incursion à la Rhune m'a coûté plus de deux heures. En plus, il y avait un de ces monde. Enfin, j'ai trouvé un endroit sympa pour planter la tente : près d'un ruisseau, dans un petit vallon de verdure très ombragé. Je ne serai pas seul, il y a des gens qui campent à 150 m de moi ; d'ailleurs ils font un de ces vacarme ! Ils ont fait une partie de pétanque, ça gueulait dans tous les coins. Enfin, maintenant c'est plus calme, ils sont en train de manger. Je suis allé les voir tout à l'heure pour leur demander un peu d'eau car je n'en avais plus : les nouilles et la boisson m'ont séché la gourde et j'avais encore soif (et puis demain matin si je n'en ai pas pour le café... ). Ils m'en ont donné et en plus elle était fraîche. Il y a bien le ruisseau mais vu la couleur de l'eau et la mousse qu'il "trimballe" que même avec un cachet désinfectant ça ne me dit rien. Le ciel s'est couvert d'un seul coup vers 19h30 mais ça n'a pas l'air d'être menaçant. J'ai écouté la météo, ils annoncent une belle journée pour demain mais des risques d'orages localisés sur les reliefs, c'est la formule habituelle quoi. Quand j'ai déplié la tente pour l'installer, elle était toute mouillée, de toute façon je ne sais pas comment elle aurait pu sécher vu que je ne l'avais pas déballée depuis samedi matin. Maintenant, elle est sèche car il y avait un petit vent tout à l'heure qui a fait son oeuvre.

 

Lundi 10 juin 1996 - 7h40:

 

J'ai passé une mauvaise nuit, je me suis souvent réveillé, j'ai eu une crise d'éternuement, ça faisait longtemps. Le temps est maussade, brumeux et un léger crachin qui a mouillé la tente et bien sur je vais avoir droit à la séance de séchage avec le gant. Je vais me dépêcher de lever le camp pour aller au village téléphoner car je n'ai pas donné de mes nouvelles depuis Vendredi. A ce soir...

 

17h15 - Je suis arrivé à un gîte d'étape, la ferme d'Estében, il est à une centaine de mètres de l'habitation des propriétaires et pour l'instant je suis tout seul, tranquille, un gîte pour moi tout seul, je vais pouvoir ronfler à mon aise. Gîte d'étape d'EstebenSinon la journée a été maussade, crachin jusqu'à midi, brouillard plus ou moins dense le reste du temps. D'accord il faisait moins chaud qu'hier, c'est plus agréable pour marcher, mais question paysage je n'ai rien vu. Finalement je marche moins vite que prévu, avec l'harnachement que j'ai sur le dos je m'arrête assez souvent pour souffler un peu. Je pense que j'ai du maigrir car il faut une nouvelle fois resserrer la ceinture de la banane. Au départ d'Aïnhoa, le GR 10 emprunte une petite route qui a été aménagée en chemin de croix grandeur réelle, il y a une croix tous les deux ou trois cents mètres jusqu'au sommet où se trouvent une petite chapelle et un calvaire. J'ai fait mon chemin de croix aujourd'hui, c'est le cas de le dire, d'autant plus qu'il était rude.

L'anecdote du jour :

 

Elle est toute fraîche. Pendant que j'écrivais mon journal, j'ai entendu un petit bruit derrière moi, je me suis retourné et je vois une énorme souris au milieu de la pièce qui me regardait d'un air de dire "quel est cet intrus ? j'espère qu'il me laissera quelque chose à manger." Je l'ai observée sans bouger pendant un petit moment, elle s'est baladée un peu partout sans plus se soucier de ma présence, ensuite j'en ai eu marre et je me suis levé, elle a filé à toute pompe dans un trou entre deux pierres de la cheminée, alors j'y ai planté un morceau de bois, comme cela elle me laissera tranquille. De temps en temps je l'entends grignoter, mais avant qu'elle ait tout débouché... Ensuite je suis allé a l'évier pour boire de l'eau, et puis machinalement j'ouvre le placard qui se trouve dessous par curiosité et que vois-je ? une autre souris, plus petite celle là, quand elle m'a vu elle a filé dans le trou de passage du tuyau de gaz et s'est réfugiée dans la cuisinière. Une dans la cheminée l'autre dans la cuisinière, ce sont des souris frileuses J'espère qu'il n'y en a pas d'autres et qu'elles ne vont pas faire la "tranle" toute la nuit.

 

Mardi 11 juin 1996 - 12h30

 

Ce matin réveil à 6h30, je me suis levé vers 6h45 et je suis parti à 8h10. Je me suis arrêté sous un petit pont qui enjambe un torrent pour casser la croûte. Je suis presque arrivé à Bidarray où je vais faire escale au camping. Cet après midi, repos et ravitaillement ainsi que lessive car demain j'attaque un gros morceau, huit heures de marche, sans compter les arrêts. Le soir j'arriverai à Saint Etienne de Baïgorry, j'espère qu'il n'y aura pas d'orage car pas de refuge, de gîte ou autre. Il parait que c'est le plus bel endroit du pays Basque qu'emprunte le GR 10, on passe par des crêtes très impressionnantes. On verra... A ce soir.Camping de Bidarray

 

20h00 - Je reprends. Je suis arrivé à Bidarray, depuis le petit pont où j'ai mangé, que du bitume sous un "cagnard" ! Enfin je suis arrivé au camping à la ferme, il n'était pas ouvert à cause de travaux, mais finalement ils m'ont autorisé à m'installer. J'étais tout seul jusqu'au moment où un autre gars est arrivé, lui aussi il est seul apparemment mais en voiture et il a une tente trois places avec double toit (il ne la porte pas sur le dos lui...). J'ai essayé d'écouter la météo, mais je suis dans un trou et je ne reçois rien. Hier soir j'ai pu écouter le match France/Roumanie car j'étais en altitude. De toute façon hier à la météo ils ont dit que la tendance orageuse allait s'affaiblir et que le beau temps moins chaud que ces derniers jours allait s'installer. Donc demain départ le plus tôt possible pour une longue étape. C'est après-midi j'ai fait une petite lessive ( 3 paires de chaussettes, 2 tee-shirts) et je suis allé faire des courses au village; par la route il y a deux kilomètres au moins, mais par un raccourci on ne met qu'un quart d'heure. Juste comme je passais devant la maison des propriétaires, ils m'ont appelé pour me dire qu'il y avait deux jeunes qui allaient partir et qu'ils pourraient me déposer au village. Je n'ai pas refusé. Au retour j'ai repéré le sentier qu'il me faudra prendre demain matin. Je suis sous la tente, je regarde à l'extérieur et remarque que le ciel se couvre mais il y a toujours un petit vent de nord-est qui m'a permis de sécher mon linge d'ailleurs. Je ne pense pas qu'il pleuve, de toute façon il y a une espèce de remise près des sanitaires, s'il pleut je n'ai qu'à enlever les quatre piquets et je trimballe la tente dôme à l'abri car je ne tiens pas à charrier des affaires mouillées sur le dos, j'ai assez de poids comme ça.

 

L'anecdote du jour :

 

Suite de celle d'hier à propos des souris. Il était environ 21h30 et j'étais allongé sur le lit en train d'écouter le match France/Roumanie lorsque mon attention fut attirée par un bruit : crrr...crrr...crrr... Je tourne la tête en direction de mon sac à dos et que vois-je ? Une mignonne petite souris en train de me grignoter mon matelas en mousse. Vous me connaissez, j'ai fait ni une ni deux, je me suis levé et à peine avais-je posé un pied par terre que ma charmante copine s'en était allée au fond de la chambre au milieu de l'allée, en train de m'observer. C'est alors qu'un tir nourrit de sandales partit en sa direction, elle se réfugia aussitôt sous un lit comprenant que les hostilités étaient ouvertes et que je ne plaisantais pas. Blottie dans le coin et derrière un pied de lit, j'allais la provoquer en sautant sur le lit en question afin de la faire sortir de son abri. Chose qu'elle fit, c'est alors qu'un nouveau tir de sandales retentit, le premier coup la manqua de dix centimètres, le second arrivant droit sur elle, elle fit un bond pour l'éviter, agile la petite. Mais elle eut le dernier mot, dans un élan prodigieux et certainement poussée par la panique, elle franchit la marche qui servait d'obstacle entre la chambre et la cuisine pour aller se réfugier dans sa cuisinière où elle a élu domicile. Je refermais la porte de communication entre les deux pièces, et je pus écouter tranquillement la fin du match qui fut victorieux pour les français, et je passais ensuite une excellente nuit.

 

Mercredi 12 juin 1996 - 21h10

 

Quelle journée ! 9h de marche dans le brouillard. Ce matin en partant de Bidarray je pensais que ça allait se lever et bien pas du tout. J'aurais mieux fait de rester un jour de plus, tant pis, c'était d'autant plus râlant que c'était le plus beau passage des Pyrénées basques, les crêtes d'Iparla, avec des précipices impressionnants, je n'ai rien vu du tout. J'espère que j'aurai l'occasion de le refaire. Le gars qui était arrivé hier au camping de Bidarray m'a proposé de m'amener au départ du GR pour m'éviter de traverser le village et de marcher pendant une demi heure ou trois quarts Crêtes d'Iparlad'heure sur la route, inutile de vous dire que je n'ai pas refusé. C'est un photographe professionnel, il fait des photos pour une agence. Cet après midi je me suis égaré deux fois dans le brouillard, il m'a fallu faire demi- tour pour retourner à la dernière balise aperçue, cela m'a fait perdre près d'une heure. Comme il y avait du brouillard l'herbe était mouillée, et bien sûr l'eau a traversé les chaussures et pendant tout le trajet mes pieds ont macéré dans l'eau, je craignais qu'il y ait beaucoup de dégâts, il n'en fut rien, ils se sont mis au pli, ils ont de l'entraînement , même les ampoules des premiers jours ont disparues, il ne reste que les peaux mortes. Ce soir le temps est toujours gris, j'espère que demain il fera beau pour aller à Saint Jean Pied de Port. Au fait j'ai oublié de dire que j'étais arrivé à Saint Etienne de Baïgorry au gîte camping à la ferme...

 

Je suis bien content d'avoir terminé cette étape car elle me portait soucis, plus de huit heures de marche sans refuge ni rien ! Ça me met en confiance pour le reste, je crois que maintenant je suis bien dans le bain. Demain je ne partirai pas trop tôt comme cela s'il fait beau je pourrai tout sécher. C'est une étape de 6h15 qui m'attend avec un col à 1022 m, pas de problème aujourd'hui j'en ai passé trois à plus de 1000 m. Au cours de mes étapes précédentes on m'a parlé deux ou trois fois d'une anglaise qui faisait la traversée des Pyrénées toute seule, aujourd'hui je l'ai rattrapée car elle a pris une journée de repos. Le propriétaire du camping lui a dit que j'étais là, car j'avais discuté un peu avec lui et lui avais fait part de mon projet, elle est venue me voir. Nous avons parlé des différents endroits où nous sommes passés et de petites anecdotes. Ça fait que l'on risque de se retrouver pour les autres étapes. Elle tient à marcher seule, je lui ai dit que moi aussi comme cela chacun marche à son rythme. Elle va de gîte en gîte, elle n'a pas de tente ni de nourriture, par contre un sac qui pèse 12 kilos, quand je lui ai dit que le mien n'en faisait que 11, elle a été étonnée.

 

L'anecdote du jour :

 

Lorsque je suis arrivé au dernier col de l'étape (1029 m), j'aperçois dans le brouillard un énorme sac à dos appuyé contre un rocher et personne aux alentours. Je m'arrête pour l'observer et tourner autour et puis je continu mon chemin. Environ 100 m plus loin toujours dans le brouillard j'aperçois un bonhomme assis au bord du ravin l'air songeur, il ne m'avait pas vu, alors je laisse traîner un peu mon pied pour faire du bruit afin de me signaler. Il se retourne, je lui dis bonjour, il me répond et puis tourne la tête. Bon il n'a pas envie de discuter, apparemment il n'a pas de problème sinon il serait venu me voir, je continue ma route. Une heure après je me trouve dans la descente à environ une bonne heure de l'arrivée, le brouillard est resté en altitude et la visibilité est bonne, machinalement je lève le nez pour regarder le ciel et que vois-je ? un parapente qui s'apprêtait à me passer au dessus de la tête à environ 20 ou 30 m. Je reconnu le fameux bonhomme qui était au col et le gros sac était le parapente, je compris alors pourquoi il était au bord du ravin tout songeur, il attendait que le brouillard se lève pour pouvoir décoller. Quelques minutes plus tard j'arrive à une route où il me fallait repérer le sentier qui descend vers le gîte où je dois me rendre, qui vois-je à nouveau en train de charger son gros sac dans sa voiture? Très bien vous avez deviné. Je m'approche de lui en lui disant :

-"Eh bien vous avez été plus rapide que moi pour la descente !

- Ah c'est vous que j'ai vu au col, me dit-il.

- Eh oui, lui répondis-je, savez-vous où se trouve le raccourci qui mène au gîte ?

- Vous allez au gîte? moi aussi, je peux vous prendre si vous voulez.

- Avec plaisir car j'en ai plein les pattes !"

Et voilà comment une nouvelle fois j'ai trouvé l'opportunité d'un taxi. Cela m'a fait économiser 2km sur le goudron. A demain...

 

Jeudi 13 juin 1996 - 21h11Le Pays Basque.

 

Je suis arrivé à St Jean Pied de Port après une bonne marche de 7h et demi avec les arrêts. Il a fait très chaud, le matin c'était couvert et puis ça s'est dégagé petit à petit. Encore pas mal de marche sur le goudron, c'est pénible surtout quand il est brûlant.

 

L'anecdote du jour :

 

J'étais dans la montagne en train de marcher sur une petite route fraîchement goudronnée (j'adore ça !) et traversant des pâturages d'altitude (pour ici environ 700 m) lorsque j'arrive près d'un troupeau de chevaux qui paissaient tranquillement sur le bord de la route, il y avait 2 juments avec leurs poulains. Arrivant à leur hauteur elles se mirent à me suivre, deux devant et deux derrière. Au début je me demandais ce qu'elles me voulaient, et puis comme ils étaient calmes je fus rassuré. Mais alors j'étais bien encadré, la jument de devant si j'accélérais elle accélérait, pas moyen de la dépasser. Quand à celle de derrière, elle me collait aux basques enfin au sac à dos plutôt dont elle reniflait l'odeur pour en savoir le contenu certainement. Si je m'arrêtais tout ce petit monde s'arrêtait, cela a duré un bon kilomètre, un bon quart d'heure. Puis, subitement, elles ont bifurqué pour descendre en contre-bas par un chemin qui menait à un abreuvoir. Elles avaient soif, et moi qui croyais qu'elles m'escortaient, j'étais pas fier au milieu de ces chevaux... Toutes les bonnes choses ont une fin. A demain...